Béré, La fête à Conakry
Le Cirque Mandingue investit le grand [...]
La saison dernière, ils présentaient deux créations* au Théâtre de la Colline. C’est aujourd’hui à l’Odéon que Daria Deflorian et Antonio Tagliarini interrogent la matière du réel à travers l’exploration du rapport entre l’individu et son environnement.
Il y a toutes sortes de faits, de gestes, de chutes, de sourires, dans Il cielo non è un fondale* (Le ciel n’est pas une toile de fond), dernière création de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini. Accompagné des comédien-ne-s Francesco Alberici et Monica Demuru, le binôme italien (qui travaille, depuis 2008, à des propositions interrogeant les notions de personnage, de contexte, de représentation) construit une divagation à quatre temps sur le rapport au monde, à l’autre, et finalement à soi. « A certains moments, nous vous demanderons de fermer les yeux, prévient Daria Deflorian. Vous voudrez bien le faire s’il vous plaît ? » Le ton est simple. Léger. Résolument bon enfant. L’ambition est d’inclure le public dans l’espace d’exploration que constitue le théâtre. A trois reprises, les spectateurs seront donc amenés à fermer les yeux durant quelques secondes, créant eux-mêmes les noirs qui feront office de sas entre les quatre mouvements de ces cheminements intérieurs.
Du moi au monde, l’être en question
Purement formelles, ces césures ne marquent pas de changements de caps. Elles agissent comme des pauses, avant de voir les digressions à l’œuvre repartir, rebondir, s’entrelacer en mettant en jeu la question de l’être, en exposant différents points liés à la marginalité et à l’exclusion. Une figure de clocharde apparaît, contre la grille d’un jardin public. Ainsi que celle d’un vendeur de fleurs indien, d’un aide-cuisinier pakistanais, de Jack London… On perçoit également les échos d’autres chemins de vie qui se brisent, se cherchent, tanguent au sein d’états du monde aux cadres incertains. Dans cette remarquable mise à l’épreuve du théâtre et du réel, toutes les frontières sont poreuses. Celles entre l’intériorité et l’extériorité, entre soi et l’autre, entre le concret et l’incertitude. Remplissant l’espace vide de la scène du seul poids de leurs mots et de leurs (belles) présences, Daria, Antonio, Francesco et Monica examinent le champ de leurs fragilités et de leurs hésitations. Qui sont aussi les nôtres.
Manuel Piolat Soleymat
* Lire l’article d’Agnès Santi, L’Italie à l’honneur, La Terrasse n° 235, septembre 2015. Le Théâtre de L’Odéon reprend l’un de ces deux spectacles, Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni, du 29 novembre au 7 décembre 2016.
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi. Spectacle en italien, surtitré en français, vu le 16 novembre 2016 au Théâtre Vidy à Lausanne. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu
Egalement le 13 janvier 2017 à La Filature à Mulhouse et du 26 au 29 avril au Théâtre Garonne à Toulouse.
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