« Sous les fleurs », bouleversante création de Thomas Lebrun
Thomas Lebrun hisse les couleurs du Mexique [...]
Soa Ratsifandrihana, reconnue au sein de la compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker puis plus récemment, de Boris Charmatz, reprend son premier solo nommé g r oo v e. Une épopée impulsive et puissante à la recherche de ce qui fait sens dans l’acte dansé.
La pièce a été présentée pour la première fois dans une intime salle de la Fondation Cartier. Le dispositif en quadri frontal trouvera désormais place sur le grand plateau du Théâtre de Gennevilliers. La proximité inhérente au projet exhorte les spectateurs à retenir leur respiration pour entendre celle de la danseuse. Sur le plateau, Soa Ratsifandrihana s’invite dans une semi-obscurité. Sans bande sonore, elle le cherche. Elle le visualise, tente de l’attraper. Quoi, qui ? Son groove. Depuis les années 30, s’il a perdu son usage issu du jazz et des disques, son essence est restée intacte : la recherche d’une souplesse rythmique, le balancement, la temporalité. Une relation à saisir entre corps et musicalité, résultat d’un habile travail des sensations. C’est dans cette quête que nous sommes conviés.
De la quête au duel, il n’y a que quelques pas
Grosses épaulettes en mousse, Soa se mue en super-héroïne. Ses enchaînements se répètent, face après face, découvrant la gestuelle sous tous les angles, possibilité offerte par le généreux quadri frontal. Au fil de l’épopée, la bande sonore composée par Sylvain Darrifourcq et Alban Murenzi déploie sonneries, souffles, bugs. Perturbations du rythme. Soa compose avec peine. Frustration – pour elle comme pour nous. Se distingue cependant une détermination absolue, révélant une volonté de domination et donnant à la danseuse l’élan de laisser peu à peu la bande sonore l’habiter. Elle l’anticipe même, par moments. La danse devient électrique, impulsive. Un duel se crée alors entre elle et les sons. Cette ascension vers la cohabitation tant recherchée finit par atteindre une apogée stimulant l’ouïe et la vue, offrant un plaisir presque physique. On se demande si ce n’est pas finalement Soa qui impose à la musique de la suivre. Au terme d’une performance haletante, elle finit par quitter le plateau dans l’obscurité. On ne vous dira pas qui a gagné.
Louise Chevillard
à 20h, le samedi à 18h. Tel : 01 41 32 26 26. Spectacle vu à la Fondation Cartier le 2 mai 2022.
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