Le Cirque contemporain en France
Le cirque, langage universel
Fondation BNP Paribas / Biennale Internationale des Arts du Cirque Provence Alpes Côte d’Azur
Publié le 11 novembre 2014Après l’épopée d’Archaos, compagnie pionnière dans le renouveau du cirque, Guy Carrara et Raquel Rache de Andrade font fructifier leur expérience à Marseille en dirigeant le CREAC-Archaos, labellisé Pôle National des Arts du Cirque depuis 2011.
Pourquoi mettre en œuvre cette première édition de la Biennale Internationale des Arts du Cirque ?
Guy Carrara : Dans la foulée d’une longue carrière autour du monde au sein d’Archaos, notre projet artistique nous a conduits à la création du CREAC, Centre de Recherche Européen des Arts du Cirque, laboratoire et lieu de rencontres, de réflexions et d’actions dédié à l’accompagnement artistique, implanté dans les quartiers Nord de Marseille. Nous avons voulu que notre expérience et notre pratique puissent aider les artistes et compagnies à mûrir leur démarche et leurs projets, et nous avons à cœur de tenir un rôle dans le domaine de la production et de l’accompagnement. C’est pourquoi, même si le contexte actuel n’est guère favorable, nous sommes très heureux de mettre en œuvre cette Biennale de créations, qui consacre une part importante de son budget – limité à moins de deux millions d’euros – à l’accompagnement des projets artistiques, à la coproduction et l’accueil en résidence. Sur environ cinquante compagnies programmées – très identifiées ou émergentes -, nous sommes partie prenante dans vingt-cinq coproductions, dont quinze en premières mondiales. C’est une prise de risque que nous assumons.
« Nous avons à cœur de tenir un rôle dans le domaine de la production et de l’accompagnement. » G. C.
« Nous avons conçu la Biennale comme des artistes, en prenant des risques. » R. R. de A.
Raquel Rache de Andrade : Le succès de Cirque en capitales dans le cadre de Marseille Provence 2013 a été tel que nous avons voulu imaginer une suite, installer une continuité pour Marseille et pour le cirque. Nous avons conçu la Biennale comme des artistes, en prenant des risques, en mettant en œuvre une programmation très éclectique avec des artistes de divers horizons esthétiques et géographiques. La création circassienne fait preuve d’une grande inventivité et déploie une richesse de propositions souvent innovantes. Plutôt rebelles, les artistes de cirque aiment sortir des sentiers battus ! Leur humilité m’impressionne : ils prennent des risques, et travaillent énormément pour quelques applaudissements. Outre les spectacles, nous développons au sein de la Biennale toute une palette d’ateliers en direction des publics, jeunes et moins jeunes, dans la continuité du travail que l’on mène tout au long de l’année.
Quels sont les lieux de programmation ?
G. C. : Une trentaine de lieux sont mobilisés, et nous avons été surpris par leur accueil formidable. Cette coopération avec les opérateurs, qui participent aux coproductions ou aux tournées, permet de mutualiser nos forces. Certaines compagnies comme XY sont programmées quatre ou cinq fois dans des lieux différents pendant le mois. A Marseille, le Village Chapiteaux à côté du Mucem, cœur battant de la Biennale, ainsi qu’une dizaine d’autres lieux, proposent plus de cent cinquante représentations. Les Bouches-du-Rhône ainsi que les autres départements de la Région PACA nous ont rejoints.
Quelle est la part de l’international dans la Biennale ?
R. R. de A. : Grâce à un réseau actif de partenaires, le Pôle Cirque Méditerranée développe depuis des années divers échanges internationaux, en particulier avec l’Amérique du Sud. La compagnie israélienne Orit Nevo – que Guy a mis en scène – et la compagnie tchèque Cirk La Putyka, présentées dans le cadre de Cirque en Capitales 2013 et présentes dans la Biennale, y ont été programmés cette année. Je me suis employée à créer et consolider des réseaux entre Rio, Sao Paulo et Belo Horizonte, impliquant les festivals et les écoles de cirque, et nous espérons créer un jumelage entre Rio et Marseille. Quatre compagnies brésiliennes, dont deux que j’ai mises en scène, sont à l’affiche de la Biennale. Guy et moi voulons rester artistes et pas seulement programmateurs, éprouver la difficulté de la création nourrit une proximité avec les artistes.
Propos recueillis par Agnès Santi