Focus L’ANPE Culture Spectacle,

Christophe Valentie : Il s’agit d’un secteur qui crée à la fois de
l’emploi et du chômage. En valeur absolue, il y a plus de travail aujourd’hui
dans ce secteur qu’il y a dix ans. Cependant, on observe que cette augmentation
s’accompagne d’une augmentation encore plus grande du nombre de personnes
désireuses d’exercer un métier ayant trait au spectacle vivant. Sur 20 ans, le
chiffre d’affaires du secteur a doublé, le nombre de personnes intégrées
professionnellement a triplé et le nombre d’inscrits à l’ANPE a quadruplé.

C. V. : C’est difficile à dire. Le nombre d’établissements formant à
l’art de l’acteur évolue de façon incontrôlée. Personne n?a réellement prise sur
cette tendance. Bien sûr, il y a des formations reconnues par l’état, mais
également de très nombreuses initiatives privées, locales, régionales’
Finalement, on ne sait pas trop combien de cours ou d’écoles existent. Pour
l’instant, la branche professionnelle liée au métier de comédien ne prend pas en
charge cette formation initiale au théâtre.

C. V. : Tout d’abord, je tiens à dire que l’ANPE Culture Spectacle ne
juge jamais du talent individuel. Le talent est une donnée extrêmement
subjective, qui n?est d’ailleurs pas forcément liée à la réussite d’une
carrière. De même, notre compétence n?est pas de tester ou d’évaluer la
technicité des intermittents qui s’adressent à nous. Ce que l’on tente
d’estimer, c’est l’aptitude d’une personne à s’identifier dans un projet
professionnel, à s’insérer dans un réseau relationnel, à connaître le secteur au
sein duquel elle évolue, à entretenir sa capacité de travail’

C. V. : C’est ça, notre mission est d’accompagner les comédiens et les
autres intermittents du spectacle afin de développer leur employabilité. Cela
sur l’ensemble de leur parcours, à différents stades de leur existence. Car les
difficultés ne se rencontrent pas uniquement lorsque l’on débute. Tout au long
de leur vie professionnelle, les intermittents vont avoir besoin qu’on les aide,
que l’on réponde à leurs besoins au moment où ceux-ci se manifestent. Par
exemple, nous allons essayer de les aider à rompre avec leur isolement, ou leur
proposer d’effectuer des bilans de compétences afin d’envisager avec eux les
aptitudes qu’ils pourraient acquérir ou améliorer. Je crois que plus les
intermittents savent faire de choses, plus ils auront de chances de réaliser une
longue et belle carrière.

Responsable du pôle formations’prestations de l’agence ANPE Culture
Spectacle de Paris

Bernard Malrieu : Ils sont principalement de deux natures. Tout d’abord,
il y a toutes les mesures concernant la formation continue, mesures qui se
traduisent par l’organisation de stages financés par les Conseils Régionaux.
Contrairement aux stages conventionnés AFDAS, qui s’adressent aux personnes
ayant suffisamment cotisé pour pouvoir en bénéficier, les stages que nous
proposons, non seulement ne demandent aucune contrepartie contributive, mais
pour la plupart sont des stages rémunérés. Pour y avoir accès, il faut seulement
être inscrit à l’ANPE, justifier d’une formation initiale et posséder une
expérience professionnelle d’au moins deux ans.

B. M. : Ce sont des stages qui ont pour but de redonner une dynamique et
un savoir-faire à tous les comédiens professionnels, de leur insuffler un nouvel
élan. Et puis, chose fondamentale, les stages de formation continue permettent
aux comédiens de rencontrer d’autres comédiens, d’échanger avec eux leur
expérience, de nouer des relations et donc de sortir pour un temps de
l’isolement auquel ils sont souvent confrontés. A cela, s’ajoute la rencontre
avec des metteurs en scène ou, de façon plus générale, avec les intervenants,
les spécialistes des disciplines ou des thématiques abordées. Ces stages
représentent un moyen très efficace d’élargir la palette de leurs connaissances
et ainsi de faire le point sur eux, de se rendre mieux compte à quel stade de
leur parcours ils se situent.

B. M. : En dehors de ce premier aspect touchant à la formation continue,
nous disposons de toute une gamme de prestations financées par un budget propre
à l’ANPE. Ces prestations ont pour objectif, soit d’essayer de rendre le
comédien plus performant au niveau de la gestion de sa demande d’emploi – il
s’agit alors d’un ?Objectif Emploi? -, soit de l’accompagner dans un projet de
travail ou de diversification professionnelle – il s’agit alors d’un ?Objectif
Projet?. Un atelier durant lequel des intermittents seront amenés à apprendre
comment monter leur compagnie, comment la gérer, comment vendre leurs
spectacles, correspond ainsi à un « Objectif Projet?. En revanche, un atelier
visant à entraîner les comédiens aux castings, à les aider à gérer au quotidien
leurs recherches d’emplois, ou à les former à toutes les techniques susceptibles
de leur permettre de trouver plus rapidement des engagements, correspond à un
?Objectif Emploi?. Le rôle des professionnels intervenant lors de ces
prestations, et donc par conséquent le rôle de l’ANPE Culture Spectacle, est
bien sûr d’accompagner les comédiens dans leurs envies, dans leurs talents, mais
aussi de les ramener à la réalité des marchés auxquels ils appartiennent.

« La CPNEF-SV est composée de syndicats d’employeurs et de salariés du
spectacle vivant. Notre Commission a conclu, en 2002, un accord de partenariat
avec l’ANPE Culture Spectacle qui vise à construire un cadre partagé
d’information et d’analyse des relations emploi-formation. Cela afin de créer et
de maintenir un espace de concertation, de favoriser au maximum les échanges
entre les représentants professionnels et le réseau de l’ANPE. Ensemble, nous
tentons ainsi de réfléchir sur les moyens de contribuer à améliorer la qualité
de l’emploi dans le secteur du spectacle vivant. Notamment en essayant
d’augmenter la lisibilité de l’offre de formation, en partageant nos points de
vue sur les données statistiques et les questions qui en découlent, en mettant
en place des dispositifs susceptibles de sécuriser les parcours des comédiens et
des autres intermittents. Notre tâche nous semble d’autant plus importante que
depuis quelques années, nous constatons que le marché du travail des métiers du
spectacle vivant se révèle de plus en plus limité et étroit. Il y n?y a jamais
eu autant de personnes travaillant dans ce secteur, mais la durée des contrats
va en se raccourcissant. Notre mission est donc d’essayer de lutter contre cette
forme de précarisation. »

Pour plus d’informations : www.culture-spectacle.anpe.fr et www.cpnefsv.org

Focus réalisé par Manuel Piolat Soleymat