Einstein on the Beach de l’ensemble Ictus et du Collegium Vocale Gent

Avignon, juillet 1976. Le premier opéra de Philip Glass, associé au metteur en scène Robert Wilson, est une révolution, un geste inouï qui d’un seul coup émancipe l’art lyrique de toutes ses conventions et pesanteurs. C’est un opéra sans histoire mais plein de sens, sans action mais tout en mouvements. Seulement l’essence de l’opéra : les voix, les musiciens, les mots, la scène et surtout un temps étiré inconcevablement (cinq heures de spectacle) jusqu’à l’hypnose, une dramaturgie qui se nourrit d’elle-même, de ses infimes variations. La production originale a connu, il y a quelques années, un retour sur scène. La proposition d’Ictus est différente : une immersion dans la musique de Philip Glass, « réduite » à une performance d’un peu plus de trois heures, scénographiée par Germaine Kruip, qui se concentre sur le jeu des chanteurs et musiciens, avec la chanteuse Suzanne Vega en narratrice, totalement intégrée à la trame musicale.

Jean-Guillaume Lebrun