La Loi des Prodiges, écrit et mis en scène par François de Brauer
François de Brauer réalise une époustouflante [...]
Créé à la MC2:Grenoble, Héritiers explore l’imbrication complexe entre fantômes du passé et contraintes du présent. Autour d’une histoire d’héritage, réel et illusion combattent…
Avec ce dernier opus, qui clôt la trilogie initiée avec Invisibles (2011) et Vertiges (2017), visibles aussi en ce mois de janvier et à ne pas manquer, Nasser Djemaï fait un pas de côté, en prenant appui non pas sur le vécu de sa famille venue d’Algérie mais sur celui de familles nées en France. Avec les mêmes enjeux universels : le temps qui passe, la transmission d’une génération à l’autre, la fin programmée du monde ancien, le poids d’une situation qu’on ne parvient pas à maîtriser et qui submerge. Comme Nadir dans Vertiges, qui revient en famille et affronte la situation douloureuse d’un père malade, Julie (Sophie Rodrigues) fait face à un héritage. Un héritage très coûteux : une grande maison bourgeoise au bord d’un lac, en pleine campagne, avec des trous qui grandissent. Entre sa mère Betty (Coco Felgeirolles) qui aime tant les lieux, son mari Franck (David Migeot) à qui elle dissimule ses difficultés, sa tante Mireille (Chantal Trichet) qui réclame ce qui lui est dû, son frère Jimmy (Anthony Audoux) qui se rêve comédien en temps réel, la tâche de Julie est ardue.
La fin d’un monde
Des cerises qui paraît-il tombent des arbres comme des gouttes de sang, un Gardien affairé et immuable (Peter Bonke), un étrange et invisible Homme du Lac (François Lequesne) : l’écrin réaliste et vieillot se teinte d’étrangeté, d’onirisme fantastique. Réalité et illusion entrent en collision, s’imbriquent, révélant au fil du récit les profondes mutations du monde et les fractures temporelles qui transforment le passé en vieux souvenirs suspendus. La quête de sens qui se déploie par petites touches et par ricochets dans Vertiges s’inscrit ici davantage dans un déroulement convenu, malgré l’irruption du surnaturel. Alors que les contraintes se multiplient, que le frigo est vide, le déni du réel l’emporte et fabrique des fictions stériles qui se veulent grandioses. Dans cet entrelacs qui télescope le concret de la vie et les envolées imaginaires, la pièce questionne : comment inventer le futur malgré le fardeau du passé ?
Agnès Santi
du mercredi au samedi à 20h ; le mardi à 19h et le dimanche à 16h. Tél. : 01 44 62 52 52. Durée : 1h50. Spectacle vu à la MC2 Grenoble en novembre 2019.
Egalement le 14 février 2020 au Théâtre Liberté à Toulon, du 17 au 21 mars 2020 au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon, les 24 et 25 mars 2020 au Théâtre d’Angoulême, scène nationale.
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