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Yves Ferry

Yves Ferry - Critique sortie Théâtre
Yves Ferry, dédicataire de La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès en 1977.© Nicolas Treatt

Publié le 10 mai 2011

La nuit juste avant les forêts ou l’emballement des mots

Vingt-cinq ans après la création de La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, le comédien Yves Ferry creuse encore les mystères de cette partition enfiévrée.
« Le travail et le temps approfondissent l’écho des mots dans le corps. » Yves Ferry

Comment est née votre collaboration avec Koltès ?
Yves Ferry : Notre amitié s’est nouée à l’école du Théâtre national de Strasbourg. En 1977, nous nous sommes retrouvés, un peu par hasard, à Paris. Il m’a parlé d’un texte qu’il écrivait. Deux mois plus tard, il m’a lu le manuscrit, encore inachevé, et nous l’avons joué l’été à Avignon.
 
Comment cheminez-vous dans ce texte ?
Y. F. : Je l’ai d’abord abordé très instinctivement. Le travail s’est affiné au fil du temps, avec Moni Grégo, présente dès le début de l’aventure. L’interprétation s’est détachée du réalisme d’une situation ordinaire, celle d’un homme assis à la table d’un café racontant son histoire, pour aller vers une errance intérieure, vers une approche musicale de l’écriture. J’aborde cette longue phrase comme une partition, avec ses leitmotivs, ses reprises, ses staccatos, ses envolées, ses spirales infinies. Koltès me disait que le texte était un emballement des mots dans la tête, jusqu’à épuisement.
 
Vous avez créé cette pièce en 1977 et vous la jouez encore aujourd’hui. Comment a-t-elle bougé en vous avec le temps ?
Y. F. : Le travail et le temps approfondissent l’écho des mots dans le corps. Le sens du texte a évolué selon l’époque. L’état de la société l’éclaire différemment. L’errance de cet homme évoque par exemple beaucoup plus aujourd’hui les SDF abandonnés. Au-delà des aspects sociaux et politiques, ce monologue touche à la profonde solitude d’un être qui cherche comment dire le besoin de l’autre.
 
Quelle place La nuit juste avant les forêts tient-elle dans l’œuvre de Koltès ?

Y. F. : Avec cette pièce, il a trouvé sa langue, qu’il ne cessera d’enrichir. La fièvre adolescente qui brûlait dans ses écrits de jeunesse s’inscrivent ici dans un espace social. Chaque phrase est liée à sa personne mais peut résonner en nous, aujourd’hui.

Entretien réalisé par Gwénola David


La nuit juste avant les forêts, de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Moni Grégo. Le 20 à 22h et le 21 à 15h30.

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