La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -308-Yvann Alexandre : 30 ans de danse !

Yvann Alexandre : 30 ans de danse !

Yvann Alexandre : 30 ans de danse ! - Critique sortie
Crédit : Mathilde Guiho Yvann Alexandre, « presque cinquantenaire » heureux et libre

entretien / Yvann Alexandre

Publié le 21 février 2023 - N° 308

11 février 1993 : création de La Tentation d’exister aux Hivernales. 11 février 2023 : retour à Avignon pour Infinité. Entre les deux œuvres, 30 ans d’exploration des territoires, des pays, des humanités… Voici un auteur singulier et fécond, qui prend soin de l’écriture chorégraphique tout comme de son écosystème.

Qu’est-ce qui caractérise votre démarche et son évolution ?

Yvann Alexandre : Trois axes composent le travail dès le départ : l’idée d’investir un territoire d’abord, comme à Avignon, Montpellier, puis Bourg-la-Reine, Rennes, The Place à Londres, La Roche-sur-Yon, Cholet… Le deuxième axe a été le public : souvent, on pense à une œuvre et après on invente des actions de transmission. Moi c’est l’inverse, j’ai besoin d’être face au public, et, parfois, arrive la possibilité d’une œuvre. Le public est le terreau de la création. Le troisième, c’est la coopération, qui se traduit par des actions phares comme Archipel, une plateforme d’échanges avec le Québec et la Tunisie. Notre travail dans les établissements de santé, ou le projet du théâtre Francine Vasse que je dirige à Nantes convergent vers ces lignes de force. En 30 ans, grâce à ces priorités, j’ai expérimenté une totale liberté de création. Le fait de me relier à des territoires et des publics m’offre du temps, des moyens, et m’a sorti d’une forme de pression parce que les projets naissent du désir avec un lieu. Le geste artistique s’entend alors plus globalement, dans un écosystème plus vaste que la seule création.

« La notion de tension irrigue toutes mes pièces, ainsi que le désir et le besoin d’humanité. »

En tant qu’auteur, qu’avez-vous voulu traverser ?

Y.A. : Mon premier questionnement, sur un plan chorégraphique, c’est l’espace, dans mes créations in situ comme pour le plateau. Je travaille sur une cartographie mentale, puis je pose sur le papier les partitions, mais je commence toujours par ce que j’appelle épouser le lieu. La question de la solitude est tout de suite apparue, comme la capacité à se réaliser et à être soi dans le groupe, d’où une infinité de soli même dans les mouvements d’ensemble. Ce qui a changé, c’est qu’il n’y avait quasiment pas de contact. C’était les années sida, et c’était ce que je vivais : la peur du contact. Les éléments charnels sont arrivés plus tard, ainsi qu’une organicité dans le corps de l’interprète. La notion de tension irrigue toutes mes pièces, ainsi que le désir et le besoin d’humanité. C’est ce que je perçois de la société, ces deux aspects sont toujours en confrontation ou en recherche sur le plateau.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Yvann Alexandre : 30 ans de danse


www.cieyvannalexandre.com

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