Des couteaux dans les poules
David Gauchard investit le Théâtre Impérial [...]
Focus -204-SCÈNE NATIONALE DE L’OISE EN PRÉFIGURATION
Martine legrand, directrice du Théâtre du Beauvaisis depuis 2003, et Eric Rouchaud, directeur de l’espace Jean Legendre et du Théâtre Impérial de Compiègne depuis 2009, sont parvenus à construire une collaboration fructueuse.
Comment s’organise cette préfiguration de la Scène nationale de l’Oise ?
Martine Legrand : Suite à une décision du ministère de la Culture du printemps 2011, stipulant qu’une scène nationale dans l’Oise serait l’émanation d’une collaboration entre plusieurs théâtres, le Théâtre du Beauvaisis et l’Espace Jean Legendre associé au Théâtre impérial de Compiègne ont mis en oeuvre une concertation étroite, organisé et renforcé des actions communes. Nos deux théâtres, distants d’une soixantaine de kilomètres, sont investis de la même mission de théâtre de service public. Forts de nos différences, de nos sensibilités et identités singulières, nous travaillons sur ce qui nous rassemble : le soutien à la création, le développement et la formation des publics. En couvrant tous ces champs, notre association existe concrètement pour nos publics. Et les compagnies bénéficient d’une visibilité accrue et d’une diffusion renforcée grâce à l’alliance de nos deux scènes.
Eric Rouchaud : Avec environ cent mille spectateurs à nous deux, nous formons quasiment une super scène nationale ! Atypique et surprenante, cette coopération s’organise autour de divers axes. Nous présentons à nous deux quatorze coproductions, nous accompagnons les artistes plus fortement, à la fois financièrement et en accueil dans nos lieux. Pour faciliter la circulation des publics, nous avons mis en place une communication commune et des autocars se déplaçant d’une scène à l’autre, ainsi qu’une carte d’abonnement valable pour les deux théâtres. Nous effectuons aussi un travail conséquent sur le territoire, à travers le dispositif “Itinérance en pays de l’Oise“ ; treize spectacles sont en tournée pour plus de cent représentations dans une soixantaine de communes, ce qui est considérable.
Comment définissez-vous vos projets artistiques ?
E. R. : L’Espace Jean Legendre défend le dialogue des arts, ainsi que le croisement entre arts vivants, arts numériques et arts visuels, comme en témoigne le Festival Les Composites, créé en 1998. Le Théâtre impérial est davantage tourné vers la musique et la voix. Il bénéficie d’une acoustique exceptionnelle. Les publics circulent entre les deux lieux : nous sommes parvenus à faire éclater les préjugés, et les deux scènes fonctionnent en parfaite synergie. La place de la musique est forte y compris dans les spectacles de théâtre, danse ou cirque que nous présentons. Parmi les artistes que nous soutenons : l’ensemble vocal Aedes dirigé par Mathieu Romano, ainsi que Luc Petton, Marc Feld, David Gauchard – futur artiste associé -, des artistes à la croisée de diverses disciplines.
M. L. : Nous accueillons une multiplicité d’esthétiques de tous horizons, avec divers temps forts au cours de la saison dont le Festival l’Agora de mars. Nous sommes coproducteurs avec Eric de La Nuit tombe de Guillaume Vincent, nous soutenons Christian Benedetti depuis 2003, nous accueillons en residence longue la compagnie du zieu dans les bleus de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, nous accompagnons Jacques Allaire. Nous défendons chacun des artistes que l’on aime, et que l’on s’emploie à faire connaître à notre voisin ! Dans un esprit d’ouverture, notre Scène nationale (encore en préfiguration) favorise la création, la circulation des idées, des artistes et des publics. Notre collaboration a pu surprendre, mais elle fonctionne !
Propos recueillis par Agnès Santi
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