Notre Carmen
L’héroïne de Mérimée, magnifiée par Bizet, [...]
Focus -258-L’Athénée Théâtre Louis~Jouvet
Directeur du Théâtre de l’Athénée, récemment rénové, Patrice Martinet propose des œuvres musicales et/ou dramatiques originales et innovantes.
Cette saison à l’Athénée, les productions de théâtre musical sont plus nombreuses que celles de théâtre dramatique. Est-ce un nouvel équilibre qui se dessine ?
Patrice Martinet : Il est vrai qu’avec trois opéras et trois œuvres qui relèvent du théâtre musical, l’offre lyrique dépasse cette année le répertoire dramatique. Encore faut-il nuancer cette première impression : les six productions théâtrales totalisent beaucoup plus de représentations que les œuvres lyriques. Cependant, il est certain que les importants travaux effectués l’an dernier permettent une nouvelle orientation. La fosse mécanisée en particulier autorise le passage plus aisé d’un dispositif à l’autre. Auparavant, nous étions obligés de diviser la saison en blocs « théâtre » et « musique ». Nous pouvons maintenant donner à la programmation plus de cohérence et de fluidité. Et puis donner un peu plus de place à la musique, c’est aussi rendre hommage à la qualité acoustique de la salle.
« Nous cherchons d’abord à mettre en lumière différentes façons d’articuler le récit dramatique et la voix. »
Les œuvres lyriques présentées cette année semblent toutes quelque peu en marge du genre « opéra ».
P. M. : Absolument. Nous ne nous revendiquons pas comme relevant de l’opéra, qui obéit à des règles, à une économie particulière. Notre Carmen et Trouble in Tahiti sont peut-être les œuvres qui s’en rapprochent le plus, mais nous cherchons d’abord à mettre en lumière différentes façons d’articuler le récit dramatique et la voix. Du reste, on peut considérer Philippe Caubère ou Denis Lavant, qui va jouer Cap au pire de Beckett, comme des virtuoses de leur propre voix.
La programmation porte également un regard acéré sur le monde contemporain.
P. M. : En effet, il m’est apparu – après coup – que Trouble in Tahiti de Bernstein et Moscou Paradis de Chostakovitch font comme un diptyque avec, d’un côté, le mode de vie américain, et de l’autre, le rêve moscovite d’un habitat nouveau. Il y a même un prolongement avec le spectacle musical de Karim Bel Kacem, 23 rue Couperin, qui interroge ces espaces déshérités de banlieues – bien françaises cette fois – auxquels on a joliment donné le nom de nos plus grands compositeurs. Mais qu’est-ce que cela dit de notre rapport à la culture ?
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
Square de l’Opéra Louis-Jouvet
tél. : 01 53 05 19 19
L’héroïne de Mérimée, magnifiée par Bizet, [...]