La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -257-Plexus Polaire, la marionnette et son double

Un langage de l’intime

Un langage de l’intime - Critique sortie Théâtre
Crédit : Kristin Aafløy Opdan Légende : Yngvild Aspeli

Entretien / Yngvild Aspeli

Publié le 8 août 2017 - N° 257

D’origine norvégienne et installée avec sa compagnie en Bourgogne-Franche-Comté, Yngvild Aspeli déploie un langage hybride centré sur la marionnette.

De Signaux (2011) à Chambre noire (2017), tous les spectacles de Plexus Polaire sont des adaptations de romans nordiques. Est-ce un axe important de votre travail ?

Yngvild Aspeli : Étant norvégienne et travaillant avec ma compagnie entre la France et mon pays d’origine, la littérature nordique est pour moi une source d’inspiration naturelle. Mais ce n’est pas l’origine des auteurs qui détermine mes choix. La nouvelle du Norvégien Bjarte Breiteig, le roman Avant que je me consume de Gaute Heivoll et La faculté des rêves de la Suédoise Sara Stridsberg me permettent dans Signaux, Cendres (2013) et Chambre noire de traiter les thèmes qui m’intéressent avec le plus de force et de pertinence possible. À savoir les complexités de la nature humaine. Ses zones d’ombre les plus cachées. Après Chambre noire, j’envisage d’ailleurs de travailler sur un texte qui n’a rien de scandinave.

Comment la marionnette intervient-elle dans cette exploration de l’intime ?

Y.A :  Dans chacune de mes créations, la marionnette est une clé dramaturgique. Je ne mets en scène que des histoires qui ne pourraient pas se passer d’elle ni de la relation singulière que l’interprète entretient avec elle. Travaillant en manipulation directe, les marionnettes – principalement à taille humaine – me permettent de rendre concrètes des choses abstraites. Ainsi dans Cendres, l’histoire d’un pyromane qui a ravagé un village du sud de la Norvège en 1978 interroge-t-elle les frontières entre normalité et folie. De même que Valérie Solanas dans Chambre noire.

« Dans chacune de mes créations, la marionnette est une clé dramaturgique »

Dans cette dernière création, musique et vidéo tiennent aussi une place centrale.

Y.A : Mon travail a toujours été pluridisciplinaire, mais il l’est davantage encore depuis Cendres, où la vidéo est déjà très importante. De même que la musique, composée par Guro Skumsnes Moe dans tous mes spectacles, et interprétée dans Chambre noire par la percussionniste Ane Marthe SØrlien Holen avec qui je partage la scène. Mes créations sont le fruit d’une écriture de plateau : si la marionnette y tient en effet une place centrale, chaque artiste qui m’accompagne participe au processus d’écriture. Je défends le fait que la marionnette appartienne au champ du théâtre, ce qui commence heureusement à être reconnu dans le milieu professionnel français. Chambre noire est d’ailleurs ma pièce la plus « théâtrale » à ce jour. Chez Valérie Solanas, parole et corps sont indissociables ; la marionnette devient alors une extension de mon corps, qui devient lui-même quasiment marionnettique.

Un effacement des frontières que l’on retrouve dans la composition de vos équipes, très internationales. Pourquoi ce choix de la diversité culturelle ?

Y.A : C’est avant tout le fruit de mes rencontres. Ayant étudié dans deux écoles internationales – Jacques Lecoq et l’ESNAM à Charleville-Mézières, je me suis d’emblée inscrite dans une dynamique internationale. Afin d’éviter de me retrouver confrontée à des barrières en termes de diffusion, je crée en pensant à l’international. Très visuels, les arts de la marionnette se prêtent à ce type de passionnant mélange.

 

Anaïs Heluin

 

A propos de l'événement

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes
du vendredi 22 septembre 2017 au samedi 23 septembre 2017


www.festival-marionnette.com

Également le 28 septembre à l’EPCC Bords de Scène de Vitry-le-François (51), du 23 au 25 novembre au TJP à Strasbourg (67), le 8 décembre au Théâtre le Passage à Fécamp (75), le 12 décembre au Studio Théâtre de Stains (93), le 13 février 2018 au Théâtre du Fil de l’Eau à Pantin (93).

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