Focus -311-CIRCa, la belle vie du cirque à Auch !
Stéphanie Bulteau, directrice du Pôle National Cirque, développe un fort ancrage local et un compagnonnage solide avec les artistes
Entretien Stéphanie Bulteau
Publié le 24 mai 2023 - N° 311À la tête du Pôle National Cirque depuis septembre 2020, Stéphanie Bulteau emporte le territoire et les artistes vers les défis d’aujourd’hui et de demain.
Que veut dire l’acronyme de « CIRC », qui a fêté ses 10 ans ?
Stéphanie Bulteau : CIRC désigne le bâtiment dans lequel est installé CIRCa, un Centre d’Innovation et de Recherche Circassienne avec salle de répétition, studio, hébergements pour les artistes, salle de restauration, bureaux… et le Dôme de Gascogne. Le CIRC a changé la vie de CIRCa et des artistes, c’est un outil formidable qui permet un travail de fourmi au quotidien.
Depuis votre arrivée, comment appréhendez-vous les bouleversements que nous traversons – crise du spectacle vivant, crise sociale, écologique… ?
S.B. : Ce sont des défis. Je n’aime pas utiliser le mot crise, lié à une conjoncture, car je pense que ce que nous vivons est systémique. Il s’agit de modifications structurelles de nos sociétés, et forcément de nos métiers. Avec l’équipe, nous réfléchissons à la transformation de nos pratiques, dans une démarche RSE avec l’appui d’un cabinet. En termes de programmation, devoir faire des montages et démontages pour venir juste une fois, c’est non. Les spectacles jouent plus longtemps, et nous installons avec les compagnies une relation et un travail en amont pour accueillir des projets qui tournent avant le festival dans la région. Évidemment, les plus grands renoncements qu’on a pu avoir sont liés à des enjeux économiques. Sur la question du chapiteau, je fais partie de ceux qui ne sont pas convaincus qu’un chapiteau est beaucoup plus énergivore qu’un théâtre. Nous manquons encore d’études, mais ce dont je suis sûre, c’est qu’il faut travailler sur les énergies utilisées pour chauffer les chapiteaux, car le fuel n’est plus la solution.
« Nous installons avec les compagnies une relation et un travail en amont du festival. »
Quelles sont les particularités des projets de territoire que vous menez ?
S.B. : Ce qui nous caractérise, c’est une saison pluridisciplinaire. Notre travail avec le territoire est transdisciplinaire. Tous les ans, nous menons des résidences de territoire, circassiennes ou non, des projets culture, santé, handicap et dépendance, circassiens ou pas. Nous portons la dimension du Pôle National Cirque avec l’Option cirque au lycée, un certain nombre de projets d’Education Artistique et Culturelle, notre démarche La classe au CIRC, les résidences de territoire, les coproductions, évidemment le festival…
Comment se traduisent les projets de territoire et le compagnonnage ?
S.B. : Ils prennent diverses formes. Avec Chloé Duvauchel par exemple, nous avons travaillé pendant deux années sur un projet protéiforme, regroupant son spectacle Quel Cirque ?! joué dans des classes, une coproduction de Nos Circollections et une résidence d’immersion dans un institut médico-éducatif. Nous avons également accompagné en coproduction et en résidence Coline Garcia sur le projet Boîte Noire, avec un projet dans des écoles autour de son livre Circassienne. Le projet de compagnonnage avec la compagnie Basinga est différent. L’idée est de faire un bout de chemin ensemble pendant 3 ans, dans une réciprocité complète, en faisant appel à nos domaines d’expertise mutuels. Un compagnonnage, c’est avancer ensemble professionnellement, c’est grandir ensemble.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
A propos de l'événement
CIRCaCirca - Pôle National Cirque
Allée des Arts, 32000 Auch.
Tél : 05 62 61 65 00.