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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -296-Le Festival Everybody réinvente les corps

Rencontre avec Sandrina Martins, directrice du Carreau du Temple

Rencontre avec Sandrina Martins, directrice du Carreau du Temple - Critique sortie  Paris Le Carreau du Temple
Sandrina Martins © NC QJ agence Coolhuntparis

Entretien / Sandrina Martins

Publié le 21 janvier 2022 - N° 296

Par la représentation et la pratique, interroger les corps d’aujourd’hui

Directrice générale du Carreau du Temple, Sandrina Martins lance le Festival Everybody.

Quelles sont les raisons qui vous ont amenée à créer ce nouveau festival sur les corps contemporains ? 

Sandrina Martins : Nous en avons besoin ! Nous sommes entrés dans une époque où la question fondamentale est celle de la réappropriation des corps. Je ne suis pas la seule à le penser, il y a beaucoup de travaux de recherches à ce sujet. Il m’a donc paru important de créer un temps fort sur cette thématique. Nous utilisons tous les espaces du Carreau du Temple pour interroger pendant six jours les multiples facettes de cette grande question centrale, à travers les représentations des artistes mais aussi les pratiques corporelles.

« Nous sommes entrés dans une époque où la question fondamentale est celle de la réappropriation des corps. »

Quels sont les spectacles que vous y proposez ?

S.M. : Les artistes invités traitent très directement de la problématique que nous venons d’évoquer. De Françoise à Alice de Mickaël Phelippeau et le puissant Seeking Unicorns de Chiara Bersani abordent la question du handicap. Rébecca Chaillon, que je considère comme l’Angelica Liddell française, interroge dans Carte Noire nommée Désir l’hyper sexualisation des corps des femmes noires, comme le fait Cherish Menzo en évoquant avec Jezebel les clips de rap. Annabel Guérédrat propose I’m a Bruja, une pièce chorégraphique que l’on peut qualifier d’écoféministe. Et enfin Trân Tran, qui se décrit comme une personne non genrée, présente une performance très drôle intitulée Here & Now. En deux soirées, le public a la possibilité de voir ces six spectacles et de voguer ainsi à travers des univers très différents.

Le deuxième axe du festival Everybody concerne les pratiques corporelles.

S.M. : Oui, la représentation du corps et la pratique vont ensemble, se réapproprier son corps c’est aussi le travailler. Nous proposons donc des cours tous les jours, du matin jusqu’à 18h30. La première heure est consacrée à la formation du danseur. J’avais envie de proposer aux professionnels, qui ont souffert de ne pouvoir s’entraîner pendant les périodes de confinement, un training gratuit avec un chorégraphe, comme notamment Thierry Micouin. Puis vient un cours de yoga qui lui est ouvert à tous – l’un d’entre eux sera donné par Myriam Gourfink. L’après-midi nous proposons du voguing, du Krump, de la HoopDance, différents cours pour adultes et enfants, et en fin de journée des cours géants. L’idée est que chacun puisse venir regarder les œuvres, prendre un cours, puis enchaîner sur une série de trois pièces. Le dimanche il n’y a pas de spectacle mais le grand ball voguing de Lasseindra Ninja.

Vous proposez également des expositions, des documentaires. Est-ce important pour vous d’aborder cette question du corps à travers différents médias ?

S.M. : Mon expérience m’a permis de faire une large incursion dans l’art contemporain et les arts visuels qui sont pour moi très importants. Je trouve que les artistes qui viennent de ce champ sont en avance sur les questions de société. Le fait qu’Everybody occupe la Halle pendant six jours me permet d’inviter des photographes, des designers, des cinéastes, de montrer comment ils traitent de cette thématique du corps contemporain. Hélène Jayet, une très belle artiste, sera notamment présente avec son installation Colored Only et Charlie Le Mindu, qui est un coiffeur et perruquier génial, va créer spécialement pour le festival une œuvre monumentale. Et s’il ne s’agit pas d’art visuel, je tiens également à dire que l’autrice et chercheuse Camille Froideveux-Metterie, que je trouve passionnante et qui a publié récemment au Seuil Un corps à soi, participera le samedi à une rencontre avec Lauren Bastide.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Festival Everybody, 1ère édition
du vendredi 18 février 2022 au mercredi 23 février 2022
Le Carreau du Temple
4 rue Eugène Spuller, 75003 Paris

Tél : 01 83 81 93 30.

www.carreaudutemple.eu

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