Rendez-vous avec Mahler, accompagné par l’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt
L’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt accompagne [...]
Focus -336-L'orchestre national d'Île-de-France, l'excellence musicale pour tous
Directeur général de l’Orchestre national d’Île-de-France depuis septembre 2023, Pierre Brouchoud met en avant les grandes lignes d’une formation musicale engagée dans l’élargissement du répertoire et des publics.
En quoi la programmation artistique affirme-t-elle la singularité de l’Orchestre national d’Île-de-France ?
Pierre Brouchoud : En résidence à la Philharmonie de Paris, l’orchestre défend son excellence dans le grand répertoire symphonique : saison après saison, Case Scaglione, notre directeur musical, a su l’élever vers le plus haut niveau. Mais notre programmation explore aussi d’autres esthétiques : jazz, chanson et dialogue avec d’autres arts. Après Delphine de Vigan pour la Cinquième de Mahler en 2023 et la Septième de Bruckner en 2024, Éric-Emmanuel Schmitt accompagne cette saison la Neuvième de Mahler. Les liens avec la littérature nourrissent également les spectacles jeune public. Pour la première fois, la danse est invitée : la Septième de Beethoven est chorégraphiée par Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Le cinéma demeure un marqueur fort : l’orchestre est régulièrement sollicité pour des tournages et des musiques de film. En fin d’année, Max Dozolme éclaire la postérité de Mozart au cinéma dans un concert commenté, et le ciné-concert Vertigo (Sueurs froides) redonne vie à la partition de Herrmann, jouée en direct. Notre engagement en faveur de la création s’exprime de manière privilégiée dans le Prix Elan, conçu avec l’Ircam, dont une rétrospective sera proposée en 2026. Au-delà des commandes, nous souhaitons faire vivre les œuvres d’aujourd’hui et les inscrire au répertoire. La rencontre entre les disciplines facilite l’accès à la musique contemporaine. En faisant tomber les barrières entre les genres, on favorise les croisements artistiques et l’élargissement des publics.
Comment s’affirme l’ancrage territorial de l’orchestre ?
P.B. : Soutenu par le Conseil régional et la DRAC d’Île-de-France, notre orchestre nomade a pour mission de partager la musique avec le public le plus large possible. Nous allons à la rencontre des habitants, bien au-delà du cœur métropolitain. Nous sommes partenaires de l’Opéra de Massy, avec Les Pêcheurs de perles en novembre, et Trouble in Tahiti en janvier avec les jeunes chanteurs de l’Atelier Lyrique d’Opera Fuoco. Pour La Symphonie des corps, nous collaborons avec le centre de formation pour jeunes danseurs à Alfortville. Nous tissons aussi des liens avec les festivals d’Auvers-sur-Oise, de Saint-Denis ou encore Ravel à Bougival. Notre artiste en résidence, la violoncelliste Emmanuelle Bertrand, est sensible à l’équité territoriale, et participe avec nos musiciens aux concerts de musique de chambre, outil essentiel de diffusion régionale. Les 120 dates, tous formats confondus, de notre saison, se répartissent dans une soixantaine de salles. Nous faisons un effort particulier vers les zones rurales et les territoires moins dotés en équipements culturels, en développant notamment des résidences scolaires.
Quelle place jouent les actions éducatives dans l’identité de l’orchestre ?
P.B. : Nous nous attachons à travailler sur le temps long, en synergie avec les collectivités, l’Éducation Nationale et les conservatoires. Les parcours de découverte de l’orchestre et des métiers de la production sont accompagnés par les enseignants. Ainsi, les enfants qui chanteront dans le concert participatif Alice Swing, dont l’une des représentations a lieu à la Philharmonie, auront été préparés tout au long de l’année scolaire. Nous ciblons aussi les lycées, avec des répétitions publiques et des ateliers immersifs dédiés. L’académie d’orchestre permet à de jeunes instrumentistes de jouer aux côtés de nos musiciens, dans un esprit de mentorat qui peut ouvrir vers la carrière professionnelle. Nous soutenus aussi les jeunes chefs : Kyrian Friedenberg ou Clara Baget ont été invités avant leurs trente ans. Autre signe fort de notre engagement pour la féminisation, Alizé Lehon, tout juste issue de Conservatoire de Paris, sera cheffe assistante pour les deux prochaines saisons. Portée par le directeur musical, cette conscience citoyenne est constitutive de l’orchestre.
Propos recueillis par Gilles Charlassier
L’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt accompagne [...]
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault [...]