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Focus -324-Saison 2024/2025 du Théâtre de La Criée : l’art de bondir et de rebondir
Directeur du Théâtre de La Criée depuis juillet 2022, Robin Renucci insuffle à Marseille un vent d’enthousiasme théâtral porté par les élans de la création, de la transmission, de la formation, de l’éducation populaire et artistique.
Comment les grands axes de votre projet pour La Criée s’expriment-ils dans cette saison 2024/2025 ?
Robin Renucci : Cette nouvelle saison est intitulée Bondir, Rebondir !. Ce titre affirme la nécessité d’un espoir et surtout d’un dynamisme face à une actualité délétère. Nous devons donc bondir et rebondir dans une période de guerre à l’international, mais aussi dans une France au climat social et démocratique très altéré. Notre saison 2024/2025 se veut généreuse et foisonnante. Malgré une situation budgétaire très tendue, elle comporte 165 levers de rideau pour 50 rendez-vous différents (ndlr, propositions de théâtre, de musique, de danse, de cirque) et 300 actions artistiques. Il me semble essentiel de ne pas céder à la facilité de moins programmer, tout en informant les publics, bien sûr, des baisses de ressources qui nous touchent. Cette nouvelle saison parle de notre époque. Sans fard. Il y est question d’émancipation, de lutte pour échapper aux déterminismes. À Marseille, la jeunesse occupe une grande place. L’une de nos priorités est d’aller à sa rencontre, de l’aider à dépasser les enfermements sociaux et géographiques qui la contraignent. Nous avons imaginé de nombreuses actions artistiques et culturelles pour œuvrer dans ce sens. Le rapport aux autres est l’une des valeurs cardinales de notre saison et de notre projet.
Quelles sont les actions de pratiques artistiques et culturelles que vous avez instaurées ?
R.R. : Il y a des ateliers pour les amateurs ou les professionnels, des formations pour les enseignants, un stage immersif mené par Grégoire Ingold qui permettra, cette année, à des participants très différents les uns des autres d’explorer ensemble la dramaturgie d’une œuvre d’origine indienne. Toutes ces actions vont dans le sens de notre engagement pour la transmission, la formation et l’éduction populaire. Dès que nous le pouvons, nous encourageons les publics à prendre part aux pratiques théâtrales. Pour nous, les spectateurs ne sont pas de simples voyeurs, ou des consommateurs, mais des sujets qui reçoivent et accueillent une adresse. Notre programmation est également nourrie par des rencontres et des débats. Par exemple, il y aura une journée consacrée à Léon Blum, un événement pour penser, chanter et danser autour du Front Populaire (ndlr, Léon Blum, une vie héroïque, conçu en 2023 par Philippe Collin, Violaine Ballet et Charles Berling). Cette saison, qui donne une grande place aux autrices et metteuses en scène, est structurée autour de la présence à mes côtés de six artistes complices : Tamara Al Saadi, Kristina Chaumont, Grégoire Ingold, Louise Vignaud, Alice Zeniter et la Compagnie du Nouveau Théâtre Populaire. Quatre élèves comédiens et comédiennes de l’École régionale d’acteurs de Cannes et Marseille (ERACM) en apprentissage à La Criée (ndlr, Masiyata Kaba, Thomas Cuevas, Alice Rodanet, Arron Mata) participeront sur nos plateaux, comme en itinérance, aux créations et aux actions de notre théâtre.
Vous signez une nouvelle version de Phèdre de Racine, pièce que vous avez une première fois mise en scène en 2022. Pourquoi cette recréation ?
R.R. : Cette nouvelle version sera jouée dans un dispositif frontal, sur notre grand plateau. Ma précédente mise en scène était très intime, en quadrifrontal. J’ai voulu que cette nouvelle proposition, qui est pour moi un manifeste, puisse être partagée avec plus de publics, notamment des spectatrices et spectateurs que l’on pourrait penser éloignés de la question de la langue, de l’alexandrin. J’ai centré ma mise en scène sur le verbe, en laissant de côté les accessoires et les effets. J’aime cette phrase de Francis Ponge qui disait : « La meilleure façon de servir la République est de redonner force et tenue au langage. » Je trouve qu’aujourd’hui, dans une période où le mal-parler règne, notamment chez nos politiques, il est important de retrouver la force de la langue d’un poète dramatique comme Racine en faisant de Phèdre un grand spectacle populaire. Je ne veux pas laisser la tradition ou l’idée de patrimoine à l’extrême-droite !
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Tél. 04 91 54 70 54.
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