Portrait : Jérôme Bel et Estelle Zhong Mengual

À travers ses œuvres, le danseur et chorégraphe Jérôme Bel questionne l’origine des figures obligées de la représentation, qu’elles soient chorégraphiques ou non. Dans Gala, par exemple, des amateurs conviés sur le plateau doivent reproduire des pas issus de la danse savante. Mais bien sûr, chacun s’y essaie en fonction de ses propres possibilités. S’en dégage quelque chose de foncièrement émouvant et de fortement expressif. Pour les Danses non humaines, Jérôme Bel s’associe à l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual pour interroger ce que serait une chorégraphie à partir de mouvements animaliers.

Nature contre culture ?

À cette fin, ils ont collecté des extraits de pièces de chorégraphes emblématiques comme Isadora Duncan, Loïe Fuller, Pina Bausch ou Xavier Le Roy pour identifier les différentes stratégies qu’empruntent ceux-ci et créer une « organicité non anthropocentrée ». Dans Recommencer ce monde (les créatures fabuleuses), deuxième volet du Portrait que dédie la Comédie de Caen aux deux complices, ces derniers vont encore plus loin en questionnant notre place dans le monde vivant. Imaginant le récit qu’une philosophe (interprétée par Jolente De Keersmaeker) délivre à une enfant pour réinventer le monde à partir d’univers ancestraux, cette proposition initie un voyage parmi des paysages inexplorés peuplés d’animaux extraordinaires : loups, bactéries, humains ou crocodiles.

Agnès Izrine