La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -179-chaillot

PAUL LAZAR

PAUL LAZAR - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2010

INTERROGER LE DESIR D’IMMORTALITE

PAUL LAZAR ASSURE AVEC ANNIE-B PARSON LA DIRECTION ARTISTIQUE DE BIG DANCE THEATER, FONDE A NEW YORK EN 1991 ET CONNU POUR SES METISSAGES SPECTACULAIRES DE DANSE, THEATRE, TEXTE ET ARTS VISUELS. LA COMPAGNIE PRESENTERA A CHAILLOT SA NOUVELLE PRODUCTION.

« Nous avons pensé au duo comique formé par Jerry Lewis et Dean Martin. » Paul Lazar
 
Votre création 2010 s’inspire d’une pièce de théâtre, Alceste. Comment avez-vous travaillé sur le texte d’Euripide ?
Paul Lazar : Nous avons découvert la traduction d’Alceste par Ann Carson – une traduction incisive, extrêmement dynamique et efficace. Ce texte nous a fourni le point de départ. Mais nous n’avons jamais voulu monter la pièce d’Euripide. C’est donc prudemment que nous nous sommes adressés à Ann Carson, en lui demandant si elle serait d’accord pour que nous utilisions son texte sans pour autant le donner à entendre d’un bout à l’autre, la langue étant en partie remplacée par la danse… Elle a magnifiquement réagi : « Moins vous garderez de mots, mieux ce sera ! » Elle avait compris le projet.
 
Que faites-vous des personnages de la tragédie ?
P. L. : Le roi Admète, destiné à mourir prochainement, obtient d’Apollon le droit de se faire remplacer aux Enfers. Alceste, sa femme, accepte de mourir à sa place… La pièce nous invite ainsi à interroger le désir d’immortalité. Nous avons cherché, dans la culture américaine, des figures susceptibles de nourrir l’interprétation de ces personnages d’Euripide. Par exemple Elvis Presley, qui représente l’image d’un « king » et nous donne accès à ce que peut être la condition d’un roi : quelqu’un qui est plus grand que nature, mais qui est aussi profondément perturbé… Les films des concerts qu’il a donnés à la fin de sa vie nous ont inspirés pour le vocabulaire physique de la création. Nous nous inspirons aussi en partie du théâtre yiddish du début du xxe siècle, et tout particulièrement de l’acteur Solomon Mikhoels : un travail expressionniste, plus large, plus vigoureux que le jeu « naturel » auquel nous sommes habitués aujourd’hui. Et sur un tout autre registre, nous avons pensé au duo comique formé par Jerry Lewis et Dean Martin, qui nous a aidés pour penser le couple d’Alceste et de son époux.

Propos recueillis par Marie Glon


Supernatural Wife, de Big Dance Theater, du 3 au 5 mars.

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