Le surdoué Félicien Brut a fait ses classes au CNIMA
Né à Clermont-Ferrand, formé au CNIMA dont il [...]
Focus -331-Le Centre International de Musique et d’Accordéon fête ses 30 ans
Fondateurs de l’école, Jacques Mornet et Nathalie Boucheix reviennent sur leur pédagogie singulière, laissant s’épanouir divers styles et pratiques.
Comment toute cette aventure a-t-elle commencé ?
Jacques Mornet : Notre volonté était de créer un centre de formation professionnelle axé sur l’enseignement de l’accordéon à plein temps. Un sondage nous donnait l’assurance d’avoir dès le départ une dizaine d’élèves volontaires pour tenter l’expérience. Il ne nous restait plus qu’à trouver le lieu. L’occasion s’est présentée en mars 1995 avec la mise à disposition d’une ancienne colonie de vacances située à Larodde, un village d’Auvergne.
Quelles sont les spécificités de votre pédagogie ?
J.M. : Notre méthode replace l’instrument dans la famille des instruments à vent, faisant du soufflet un poumon générant une colonne d’air en compression et des différentes articulations l’équivalent des coups de lèvre et de langue. Il s’agit de trouver un son riche, chaud, velouté, agressif, répondant à la situation musicale du moment. Le rôle du corps qui ressent et transmet est primordial. Tous les grands noms de l’accordéon actuel ont bénéficié d’une formation de base calquée sur ce système pédagogique.
Après trente ans, avez-vous constaté une évolution de l’approche de l’accordéon ?
Nathalie Boucheix : Autrefois perçu comme un instrument « populaire », associé à des styles traditionnels comme le musette en France, l’accordéon est de plus en plus présent dans des genres variés : de la musique contemporaine à la musique électronique, du jazz aux musiques actuelles, ce qui permet à l’instrument de toucher un public plus large.
J.M. : Les techniques de jeu ont également évolué, avec des progrès dans la maîtrise instrumentale, tandis que les instruments eux-mêmes sont de tout autre facture, avec des modèles plus modernes aux sonorités plus riches en textures et couleurs sonores, dotés de touches plus sensibles permettant d’améliorer les performances. De nombreux compositeurs contemporains écrivent pour l’accordéon, qui bénéficie de cursus dédiés dans les conservatoires, ce qui a contribué à son développement académique.
Parallèlement, la sociologie de vos élèves a-t-elle changé ?
N.B. : L’évolution du profil des élèves suit les transformations de la société, à commencer par la place grandissante des femmes. On constate une plus grande diversité des élèves et des influences musicales, ce qui modifie leur approche de l’instrument et les styles qu’ils privilégient, le rendant plus attrayant pour un large public.
Qu’en est-il du répertoire ?
J.M. : Notre philosophie repose sur l’ouverture et la diversité des pratiques musicales. Nous adoptons une approche inclusive et variée du répertoire enseigné, couvrant la plupart des genres musicaux, de la variété aux musiques du monde en passant par le classique et le jazz. Une telle approche est rendue possible grâce à notre équipe de formateurs diplômés et de musiciens professionnels, complémentaires dans leurs compétences. Des intervenants de grande renommée encadrent aussi des master classes.
N.B. : Le CNIMA soutient l’intégration de l’accordéon dans les musiques actuelles en proposant une formation avec des modules spécifiques. Depuis quatre ans, le centre a élargi son offre en incluant d’autres instruments dont le piano, la guitare ainsi que la pratique du chant, favorisant ainsi les collaborations interdisciplinaires et le travail en groupe. Ainsi l’accordéon se réinvente dans un paysage musical en constante évolution. Grâce à ces efforts, une nouvelle génération de musiciens s’épanouit, plus en phase avec son époque, capable d’utiliser l’accordéon dans de nombreux registres.
J.M. : La formation permet de promouvoir des compositions écrites spécifiquement pour l’accordéon, de maîtriser les techniques classiques, mais aussi d’explorer des pratiques modernes telles que l’improvisation, la composition contemporaine et l’utilisation d’effets électroniques. Les étudiants sont ainsi préparés à évoluer dans les musiques actuelles, alliant créativité et compétences techniques.
Quels sont vos futurs axes de développement pour le CNIMA ?
N.B. : L’expansion de l’offre de stages musicaux, le développement des cours en ligne de la méthode Jacques Mornet, et le renforcement des collaborations internationales à travers des partenariats avec des écoles de musique, des festivals et des centres artistiques, notamment dans des pays où l’accordéon est populaire.
Propos recueillis par Jacques Denis
avec de nombreux invités, dont Félicien Brut et Vincent Lhermet.
Tél. : 04 73 22 27 45.
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