« N.éon », la nouvelle création d’Yvann Alexandre

« N.éon sera à l’image de ce que je voulais faire, si la compagnie avait continué ». En contractant les mots « néant » et « éon », Yvann Alexandre construit une passerelle entre le vide, d’où tout peut émerger, et l’imaginaire, inspiré de la figure du Chevalier d’Éon. Ce personnage du XVIII^e siècle, autant Charles que Charlotte, diplomate qu’espion, adepte de la fluidité et du faux-semblant, se trouve en filigrane d’un quintette où corps, lumière et sons dansent le mystère. La scène devient un espace de transformation où l’illusion est la seule maîtresse d’œuvre, et l’écriture prétexte à tisser des relations, entre apparitions et disparitions.

Un acte primultime

Les danseurs jouent les agents doubles dans une scénographie d’ombres et de lumières de Yohann Olivier. Avec la danse, elle est une expérience de la perception qui prend sa source dans l’art cinétique, créateur de phénomènes visuels où le mouvement sème le trouble. N.éon ouvre vers des mondes à explorer, pleins de métamorphoses, de doutes, de trajectoires à inventer, et offre la beauté d’un acte de création primultime. Quant à celles et ceux qui veulent boucler la boucle, ils peuvent retrouver Les Elancées, dansé par des jeunes du conservatoire, qui ont l’âge du chorégraphe écrivant sa première pièce. À Montpellier, « là où tout a commencé ».

Nathalie Yokel