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Focus -307-En direct avec les artistes Génération Spedidam

Mathilde Calderini s’illustre en février dans des répertoires multiples. Rencontre !

Mathilde Calderini s’illustre en février dans des répertoires multiples. Rencontre ! - Critique sortie
La flûtiste Mathilde Calderini, artiste « Génération Spedidam ». © Jean-Baptiste Millot

ENTRETIEN

Publié le 24 janvier 2023 - N° 307

Musicienne complète, Mathilde Calderini s’illustre en février dans des répertoires multiples. Première flûte solo de l’Orchestre philharmonique de Radio France, elle participe à la soirée consacrée à Lalo Schifrin avec le Concierto caribeño avant de se pencher sur les concertos de Mozart et de proposer, au sein de l’Ensemble Ouranos, une relecture de Don Quichotte entre théâtre et musique.

Vous jouez comme soliste, mais aussi au sein d’un orchestre de premier plan et d’un quintette à vents, l’ensemble Ouranos, que vous avez co-fondé en 2014. Comment ces différentes expériences se nourrissent-elles ?

Mathilde Calderini : Au cœur de toutes les pratiques musicales, il y a cette envie de faire ensemble la même musique. En musique de chambre ou au sein de l’orchestre, la musique est d’abord une expérience humaine enrichissante. Il est certain que ma pratique du quintette avec Ouranos m’a aidée à envisager le travail en orchestre. C’est extrêmement formateur pour trouver sa juste place. Tout ce qui est construit à cinq se révèle très précieux quand on doit s’écouter et jouer à cent musiciens. De la même façon, l’orchestre enrichit ma pratique en solo et en musique de chambre. Je sens mieux, par exemple, comment fonctionnent les cordes et cela me sert beaucoup quand j’interprète un concerto, pour savoir ce qui va marcher ou pas.

Votre attirance envers les répertoires rares se confirme ce mois-ci avec le Concierto caribeño de Lalo Schifrin.

M.C. : Il est toujours intéressant de se confronter à des univers différents, de partager ses découvertes musicales. En concert, j’aime jouer des pièces peu connues au milieu de celles que le public attend. Je le fais par exemple avec les pages de compositrices comme Cécile Chaminade, Charlotte Sohy, Mel Bonis ou Claude Arrieu. Quant à Lalo Schifrin, je me suis plongée dans ses œuvres, où la flûte est souvent bien présente. Cela m’aide à comprendre d’où vient l’écriture, cette influence du jazz, quelque chose de très cadentiel, rythmique, alternativement rêveur ou volubile. La partition ménage de nombreux dialogues entre la flûte et les cuivres, les percussions, les cordes ; c’est aussi un plaisir de partager cette expérience avec mes collègues de l’orchestre. 

« La proximité avec le compositeur est aussi ce que je recherche quand j’aborde Mozart. »

Y a-t-il des compositeurs avec lesquels vous travaillez régulièrement ?

M.C. : J’ai collaboré à plusieurs reprises avec Johan Farjot, avec qui j’ai enregistré récemment pour France Musique ses Autumn Anagrams. J’aime cheminer ainsi avec un compositeur – et je rêverais de créer un concerto de quelqu’un qui me connaît bien et dont j’ai fréquenté l’œuvre. Mais, au fond, la proximité avec le compositeur est aussi ce que je recherche quand j’aborde Mozart. Interpréter le Concerto en sol majeur ou le Concerto pour flûte et harpe me pousse à explorer toujours plus loin ces couleurs flûtées que l’on trouve déjà dans les symphonies.

Le spectacle autour de Don Quichotte que vous présentez avec l’ensemble Ouranos et quelques autres musiciens est une autre façon d’élargir le public et de changer le regard sur le répertoire classique…

M.C. : C’est en effet l’un de ces projets un peu fous que l’on s’autorise avec Ouranos, où le rire n’empêche pas l’excellence musicale. La partition du Don Quichotte de Strauss est très exigeante et l’arrangement pour douze musiciens d’Arthur Lavandier pousse au maximum les possibilités des instruments. Le but du spectacle est de faire comprendre le poème symphonique de Strauss au public jeune et moins jeune : chaque variation est décrite par l’acteur Elliot Jenicot. Lors de la résidence de création à l’Académie musicale de Villecroze, la rencontre a permis un échange très riche entre l’expérience théâtrale d’Elliot et de la metteuse en scène Raphaëlle Cambray et l’émotion musicale portée par les douze musiciens. Pour nous, un tel travail d’écriture au plateau, sur le vif, n’a rien d’évident mais c’est une expérience passionnante.

 

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement

du vendredi 3 février 2023 au samedi 18 février 2023


En février, Mathilde Calderini joue Lalo Schifrin à la Maison de la Radio (3 février à 20h), les concertos de Mozart à la Folle Journée de Nantes (5 février à 13h) et à Palerme (17 et 18 février) ainsi que Don Quichotte de Strauss/Lavandier au Théâtre des Champs-Élysées (12 février à 11h et 15h).

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