Dissonances Jeanne d’Arc, création collective de Sophie de Montgolfier, Marion Llombart, Frédéric de Goldfiem et Jonathan Gensburger
Programme radiophonique, enregistré en public [...]
Focus -286-Au Théâtre National de Nice, un nouvel élan
Christophe Perton monte pour la première fois une pièce de Cocteau, dans une version inédite, avec pour interprètes Muriel Mayette et Charles Berling.
Vous qui travaillez beaucoup sur les écritures contemporaines, pourquoi avoir choisi de monter Les Parents terribles, qui date de 1938 ?
Christophe Perton : La saison dernière, à l’occasion d’un projet de monter des œuvres de la première partie du XXe siècle avec des metteurs en scène proches, je me suis aperçu que je connaissais mal ce théâtre. Je m’y suis plongé et j’ai été immédiatement frappé par la beauté du style de Cocteau, par sa singularité aussi. Je me suis rendu compte qu’il y avait une proximité, un lien très fort et fraternel entre Jean Genet et Jean Cocteau sur la question de la poétique. En lisant Les Parents terribles, j’ai été saisi par l’universalité de cette œuvre, par sa grandeur, sa profondeur et le fait qu’elle s’arrache complètement à l’anecdote ou à une époque donnée.
Comment expliquez-vous alors que cette pièce ait la réputation d’être devenue désuète ?
Ch.P. : Je me suis très vite rendu compte que l’édition qui avait circulé pendant 50 ans était une édition malheureuse, tronquée. La pièce a été écrite et montée au théâtre en 1938, puis Cocteau en a réalisé une adaptation pour le cinéma, et c’est à cette époque que les éditeurs ont publié une version inspirée par le scénario et énormément tronquée. Ce texte n’est pas un mauvais texte mais il est très inférieur à l’original. Par la force du hasard, j’ai réussi à remettre la main sur le manuscrit de 1938 : il est rempli de variantes, de scènes inédites, de répliques sublimes, d’une poésie invraisemblable. C’est une version plus scandaleuse aussi. J’ai travaillé pendant un an sur ce texte pour aboutir à une version inédite.
Comment voyez-vous la pièce qui mêle vaudeville et tragédie ?
Ch.P. : Cocteau a utilisé les codes du vaudeville mais pour mieux faire passer la puissance et la profondeur de l’univers qu’il met en jeu. La pièce, en trois actes, me fait beaucoup penser à la Symphonie fantastique de Berlioz : elle possède une grâce, une légèreté au 1er acte qui se déploie dans une tragicomédie au 2e acte, tandis qu’au 3e, on va vers quelque chose de fantastique, une déréalisation de tout, et que la chambre d’Yvonne, la mère, est prise dans un maelstrom cosmique où la puissance des étoiles, de l’au-delà, prend le dessus. Ce déroulé totalement étonnant est captivant de bout en bout.
Entretien réalisé par Isabelle Stibbe
Tél. : 04 93 13 90 90. Site : tnn.fr
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