Le Plongeoir comme un trait d’union, rencontre avec Richard Fournier

Alors que le cirque défend la question de l’itinérance, pourquoi se lancer dans la construction d’un chapiteau permanent ?

Richard Fournier : Ce choix croise à la fois des enjeux locaux,  nationaux,  artistiques, économiques,  et puis des opportunités de collaboration. Nous avions envie de créer un espace de travail permanent pour permettre à des écritures frontales de passer au circulaire, et inversement. Peu de structures sont équipées pour faire ce passage-là. Cela permet à des équipes qui sont sous chapiteau de faire un spectacle en seconde vie au frontal, ou à de jeunes artistes d’essayer le circulaire avant de s’engager dans les investissements nécessaires – un chapiteau est un équipement très lourd. Le fait qu’il y ait si peu d’espaces adaptés n’encourage pas la création en circulaire. C’est aussi l’occasion de travailler à des rencontres avec des structures labellisées comme la SMAC Superforma, entre des musiciens et des circassiens, ou avec des metteurs en scène qui souhaitent appréhender le circulaire. Ce qui m’intéresse dans le circulaire, c’est l’aspect de proximité et de convivialité qui est aussi très fort au Plongeoir. Le public se voit, et l’artiste est au milieu et ne peut pas se cacher. Cela crée toujours quelque chose de très spécial.

« Le projet enraciné dialogue avec les habitants et les artistes. »

Que signifie l’expression « cirque au quotidien », qui qualifie le projet du Plongeoir ?

R.F. : Cette expression redéfinit l’ensemble du projet que l’on veut mettre en œuvre ici. C’est un cirque que l’on peut croiser à n’importe quel moment : quand un habitant rencontre les artistes de cirque dans les commerces du voisinage, dans un lieu de vie comme le chapiteau permanent, autour d’un café,  autour d’une création… Toute cette médiation informelle et cette présence  au cœur du quartier rendent les choses accessibles et ouvertes. Le cirque ne se réduit pas à de la pratique ou à une position de spectateur. Le cirque et le Plongeoir sont un trait d’union entre un quotidien, une société et un art.

La notion de filière cirque est très présente, dans toutes ses facettes…

R.F. : Le projet enraciné dialogue avec les habitants et les artistes. Il contribue à renforcer la filière. On accompagne une pratique de loisirs à partir de trois ans, et on crée en parallèle des dispositifs au collège et en lycée. On poursuit à l’université, à la fois dans les métiers du cirque, la filière STAPS, et avec les écoles supérieures comme l’Esacto’Lido et le CNAC. Cette année, notre festival a permis une visibilité de l’ensemble de ces étapes, avec également les centres de formation de Lomme et Balthazar. Aussi, nous accompagnons l’artiste en reconversion, pour créer au Mans un pôle reconnu pour toutes ces activités.

Propos recueillis par Nathalie Yokel