Des spectacles sur les routes
Respectivement créés par Macha Makeïeff en [...]
Focus -286-Théâtre de La Criée à Marseille
La langue pneumatique de Valère Novarina, la musique céleste de Monteverdi et le geste de Jean Bellorini revisitent ensemble le mythe d’Orphée.
« La création de ce spectacle était prévue à Avignon, dans la Cour d’honneur. Les circonstances l’ont reportée, mais j’ai voulu rester fidèle à son principe : une installation de servantes et d’instruments fracassés dans un théâtre mis à nu, peuplé de cadavres et de fantômes. J’ai demandé à Valère Novarina de réinterpréter l’histoire d’Orphée et Eurydice. Après plusieurs versions et de nombreux échanges entre l’écriture et la scène, Valère Novarina a accepté que je prélève des morceaux de son texte, pour en faire un objet à part entière. Il n’y a aucun récit. Le texte disparaît au profit du mouvement et de la mise en valeur de la polyphonie des mots.
Un Novarina à la dimension proustienne
Je veux que les acteurs parviennent à évoquer l’incompréhension foncière de notre espèce – animal parlant – en montrant l’appel d’air qu’impose la langue et le décalage entre le dire et le dit que seul Orphée parvient à combler grâce au chant. Les acteurs novariniens sont habituellement dans la netteté de l’apparition brutale. Je cherche quelque chose de plus sombre, de plus doux, un Novarina qui aurait une dimension proustienne, pas seulement dans le muscle, l’emportement et l’ivresse. Macha Makeïeff signe les costumes de ce spectacle : nous continuons ainsi notre dialogue artistique. L’exposition des costumes d’anciens spectacles, fantômes d’êtres désirés et perdus, qui se tiendra dans La Criée, prolongera encore l’histoire de notre collaboration et celle de ce mythe. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Tél. 04 91 54 70 54.
Respectivement créés par Macha Makeïeff en [...]