Un compagnonnage harmonieux, rencontre avec Jean Lambert-wild
Difficile de définir Jean Lambert-wild en [...]
Focus -283-Dom Juan ou Le Festin de pierre
« Il est pour moi un alter ego, « mon conseil des conseils » comme dit Shakespeare dans Richard III », dit Jean Lambert-wild de Lorenzo Malaguerra. Animés par la même volonté coopérative de création, les deux partageux cosignent ce Dom Juan.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Lorenzo Malaguerra : Nous nous sommes rencontrés il y a dix ans, à Avignon, pour boire un café qui a duré tout l’après-midi. Depuis, nous travaillons quasi toujours ensemble. Jean prétend que je suis le seul qui peut le diriger… De fait, nous avons des qualités complémentaires. J’aime diriger le jeu, lui s’attache plus à la conception des projets, à la scénographie et à tout ce qui concerne le plateau. Nous travaillons toujours avec la même équipe. Jean-Luc Therminarias à la musique, Renaud Lagier aux lumières : autant de grandes fidélités. Le travail est très harmonieux : pas besoin de s’apprivoiser à chaque fois. Avec ce spectacle nous intégrons de nouveaux compagnons : les trois musiciens Romaine, Pascal Rinaldi et Denis Alber, avec lesquels je travaille depuis longtemps en Suisse. Avec Jean, il y a toujours un côté « ma petite entreprise » qui associe savoirs artisanaux et univers esthétiques différents et un côté fédérateur que j’aime beaucoup.
Pourquoi avoir choisi cette pièce ?
L.M. : Ça vient de loin… Il y a eu En attendant Godot, où Gramblanc, le clown de Jean, s’est mis à parler, puis Richard III. Ce clown a une dimension plutôt monstrueuse : il est étrange, cruel, inquiétant. Il nous a donc paru intéressant de le confronter à Dom Juan. Plutôt qu’un libertin, séducteur, élégant et léger, nous avions envie de montrer sa noirceur et la tragédie personnelle d’un Dom Juan qui sait qu’il va mourir, prédateur plutôt que séducteur, comme un vaisseau qui aurait largué toutes les amarres du lien social. S’est ensuite imposée l’inscription dans l’histoire du clown, Sganarelle et Dom Juan composant un couple de clowns inventé avant l’heure. Nous avions en tête Foottit et Chocolat. Steve Tientcheu est arrivé d’abord, puis Yaya Mbilé Bitang, qui jouait le rôle en alternance avant de le reprendre désormais entièrement.
Pourquoi les musiciens ?
L.M. : Dès le début, nous trouvions intéressant que Dom Juan soit accompagné par un orchestre à l’image de celui du Titanic. Dom Juan est en train de sombrer et les musiciens sont les otages qu’il oblige à jouer jusqu’à la fin. Ceux que nous avons choisis sont des punks déjantés extrêmement libres à la force comique à la fois volontaire et involontaire. Ils offrent un contrepoint comique dans un spectacle où on insiste sur la tragédie du personnage. Ils permettent aussi de faire le lien entre les scènes, dans une continuité parfois douce, parfois violente. Enfin, ils offrent un regard complice au spectateur : on peut les prendre en pitié et ils rendent le plateau sympathique, à côté de ce repoussoir de Dom Juan.
à 20h. Tél. : 024 475 79 09.
Théâtre de la Cité internationale, 17, boulevard Jourdan, 75014 Paris. Du 13 janvier au 15 février. Lundi, mardi et vendredi à 20h30 ; jeudi et samedi à 19h. Tél. : 01 43 13 50 50.
Comédie de Caen, CDN. Les 5 et 6 mai à 20h au Théâtre d’Hérouville. Durée : 1h40.
Site : www.theatre-union.fr