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Focus -326-La compagnie Adrien M & Claire B construit des « Cabanes de lumière » à La Maison des Métallos

La compagnie Adrien M & Claire B construit des « Cabanes de lumière » à La Maison des Métallos

La compagnie Adrien M & Claire B construit des « Cabanes de lumière » à La Maison des Métallos - Critique sortie  Paris La Maison des Métallos
© Romain Etienne Claire Bardainne

Publié le 25 octobre 2024 - N° 326

La compagnie Adrien M & Claire B saisit l’invitation de la Maison des Métallos comme l’occasion de déployer sur la durée et dans l’espace les notions d’hospitalité et d’émerveillement au cœur de son travail. Entre art visuel et performance, le parcours qu’ils offrent au spectateur est une riche expérience du seuil et du partage.

Le travail que vous menez en compagnie depuis 2011 se prête particulièrement à des formats singuliers de diffusion. En quoi le nom de « Cabanes de lumière », que vous avez choisi pour titre, dit-il cette cohérence ?

Claire Bardainne : La notion de « cabane » m’habite depuis longtemps. Elle est aussi au cœur de la recherche et de la création en arts vivants et visuels que je mène avec Adrien Mondot au sein de la Villa Aphéa, à Crest dans la Drôme. C’est dans cet espace que nous fabriquons, avec nos nombreux collaborateurs – la compagnie compte une trentaine de membres – nos installations et nos spectacles que nous envisageons comme des espaces de refuge, de paix à retrouver, de souffle à reprendre. J’aime l’idée de fragilité associée à la cabane, et le fait qu’elle soit fabriquée avec un ensemble de matériaux divers qui lui préexistent. Nos installations et spectacles, autrement dit nos « cabanes » peuvent facilement se déployer dans des espaces divers, d’où notre facilité à nous emparer d’un lieu dans son ensemble.

© Joachim Bertrand
En Amour, installation de Claire Bardainne et Adrien Mondot, à découvrir du 13 au 24 novembre à La Maison des Métallos

Vous faites ainsi de la Maison des Métallos votre « cabane », où l’on peut suivre en tant que spectateur un parcours fait d’expériences variées.

C.B. : Dans chacune de nos créations, nous cherchons en effet à déplacer le spectateur, à le mettre dans des postures de corps et d’esprit singulières. Ainsi avec le diptyque composé par Dernière minute (2022) et En amour (2024), il se retrouve immergé dans des espaces baignés de musiques et de vidéos avec lesquelles il peut interagir, tout en suivant des récits largement autofictifs sur le deuil et l’amour, chose que nous n’avions pas encore explorée jusque-là. De nombreuses installations, que nous avons choisies en fonction des espaces disponibles, permettent une grande liberté d’expérience, d’émerveillement. Nous avons aussi tenu à organiser des rencontres avec des personnes dont la pensée et le geste sont proches de l’esprit de nos « cabanes » : l’essayiste Marielle Macé, les philosophes Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio…

« Les nouvelles technologies sont chez nous au service de la sensation, de la poésie et du vivre ensemble. »

Cet état d’émerveillement que vous souhaitez créer chez le public repose en grande partie sur les nombreux seuils qui constituent votre œuvre. Lesquels pourrons-nous traverser dans vos Cabanes de lumière ?

C.B. : Quelles que soient les formes que prend notre recherche, elle se déploie sur des frontières entre matériel et immatériel, entre virtuel et réel… Dans Dernière minute par exemple, on vit collectivement sous la forme du rituel qui nous est cher le passage entre un avant et un après, entre un état de la matière et un autre. Cette attention aux éléments sous toutes leurs formes relie toutes nos créations, de même que notre grande attention au vivant. Une autre de nos lignes directrices est le caractère composite de notre univers. Dans Aqua alta – La Traversée du miroir (2019) par exemple, qui sera installé dans le hall de même que quelques autres installations, le livre pop-up se mêle à la réalité augmentée, à la danse ou encore la fable écologique. Ces Cabanes de lumière sont aussi l’occasion pour Adrien et moi de développer chacun des pratiques personnelles : de mon côté l’écriture et la curation, que j’ai prise à cœur, et du sien la relation entre musique et image vivante avec les premières du spectacle Encyclies, créé avec la pianiste Nathalie Morazin.

L’utilisation des nouvelles technologies est aussi une des particularités majeures de votre compagnie. À quoi doit-on s’attendre à cet endroit dans vos Cabanes ?

C.B. : Depuis nos débuts, nous prônons la souveraineté numérique, c’est-à-dire la maîtrise des outils. Si nous créons nos propres logiciels, qui demandent sans cesse des mises à jour – Adrien développe notamment depuis 2006 le logiciel eMotion –, c’est ainsi non pas par goût de la prouesse technologique mais afin de proposer des expériences différentes de celles que nous imposent les GAFA. Les nouvelles technologies sont chez nous au service de la sensation, de la poésie et du vivre ensemble.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Cabanes de lumière
du mercredi 13 novembre 2024 au jeudi 28 novembre 2024
La Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris

Tel : 01 47 00 25 20. www.maisondesmetallos.paris

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