La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -313-Autrices à Théâtre Ouvert : quintette flamboyant

« Je vis dans une maison qui n’existe pas » par Laurène Marx et Fanny Sintès : une performance qui dit la violence contre l’être

« Je vis dans une maison qui n’existe pas » par Laurène Marx et Fanny Sintès : une performance qui dit la violence contre l’être - Critique sortie  Paris Théâtre ouvert
Laurène Marx © Christophe Raynaud de Lage

Texte de Laurène Marx / mise en scène de Laurène Marx et Fanny Sintès
Entretien Laurène Marx

Publié le 3 août 2023 - N° 313

Parce que la brutalité des mots n’est jamais la cruauté des actes, Laurène Marx choisit la première pour dénoncer la seconde, plongeant dans la naïveté d’un conte enfantin pour dire l’inconsolable.

« Il est question dans ce texte de dissociation, de troubles de la personnalité, de gestion de la colère, de traumas d’enfance, de la manière dont on traite les fous, les queers. Voilà pour le fond. La forme fait le pari d’un moment d’intimité parfaite, du lyrisme à la confession la plus crue, sans psychologie ni psychiatrisation. Il est difficile de s’exprimer lorsqu’on est trans : ça l’est encore plus quand on a été battu, ce qui est mon cas. J’ai dû mettre mon genre de côté pour résister à mon père qui me tapait comme sur un garçon. Je n’écris pas comme si j’étais en résidence d’auteur dans la violence ou dans l’enfance. Je parle de là dont je ne sors pas : toutes mes pièces sont reliées les unes aux autres.

Résistance performative

Je suis seule sur scène, accompagnée par la création sonore de Nils Rougé, frontalement face au public, dans une mise en scène coécrite avec Fanny Sintès. Cette pièce est extrêmement physique : elle est comme un twist dans le monologue, entre stand up et théâtre, anecdotes et flux. Je ne fais pas du journalisme. Je ne témoigne pas. Je vis la distorsion entre le désir de rentrer chez moi et le fait que chez moi n’existe pas. Ce n’est pas une pièce pour enfants, mais si je m’adresse à eux, c’est pour les traiter autrement que comme on m’a traitée moi-même, en propriété des adultes. Au lieu de leur parler avec une bienveillance méprisante et objectivante, je crois qu’on peut le faire normalement, pour qu’ils entendent les mots de la violence, parce que les mots ne sont justement pas des actes. L’infantilisation est toujours une paresse. Je ne crois pas que le respect suppose d’affadir le langage. »

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Je vis dans une maison qui n’existe pas
du jeudi 11 avril 2024 au mardi 16 avril 2024
Théâtre ouvert
159 Avenue Gambetta, 75020 Paris

Tél. : 01 42 55 55 50.

Site : www.theatre-ouvert.com

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