Janua, trait d’union entre Orient et Occident imaginé par l’Ensemble Irini

Florence, 1439. Le concile œcuménique présidé par le pape Eugène IV tente de renouer le dialogue entre les églises d’Orient et d’Occident. Même si cette volonté d’union fut sans lendemain, il n’en reste pas moins un moment de rencontre important. Lila Hajosi, directrice artistique de l’Ensemble Irini, aborde cette histoire par la musique de Guillaume Dufay (1397-1474), qui incarne cette ouverture sur les musiques de l’Orient chrétien. Avant de se mettre au service de la papauté, le compositeur avait en effet notamment écrit le motet Vassilissa ergo gaude célébrant le mariage en Grèce de Cleofa Malatesta avec le fils de l’Empereur byzantin.

Dialogue entre Dufay et les compositeurs byzantins

« Souvent, un programme part d’une pièce que j’aime et que j’ai envie de monter depuis longtemps, souligne Lila Hajosi. À partir de là, je tisse tout un écheveau de fils rouges : quel était le contexte historique, politique, social,  économique ? C’est ce que j’ai fait pour Janua autour du motet Nuper Rosarum Flores, dédié au pape Eugène IV ». Ainsi le programme combine-t-il les motets écrits pour les Malatesta, ceux offerts au pape ou à la ville de Florence, et une lamentation sur la chute de Constantinople, qui fait suite à l’échec du Concile. S’y intercalent les pages écrites à la même époque par les Byzantins Janus Plousiadenos et Manuel Doukas Chrysaphes, ponctuées par la liturgie byzantine. Porté par huit chanteurs et chanteuses et deux musiciennes aux trompettes et sacqueboutes, ce concert est un beau moment d’émotion, que prolongera l’enregistrement pour le label Psalmus.

Jean-Guillaume Lebrun