Exposition Accords excentriques : quand les plasticiens s’emparent de la culture musicale

Rock, punk ou variété, pop, jazz ou classique : autant des genres qui ont
leurs codes, leurs esthétiques et leurs adeptes, pratiquants fervents, butineurs
occasionnels ou polythéistes invétérés. Car la musique joue aussi comme un
marqueur identitaire, un accord de ralliement secret pour les générations.
Faut-il s’étonner que les plasticiens, qui n?aiment rien tant que piocher dans
les signes du réel la matière de fictions qui détournent les références de leurs
contemporains, puisent dans ce fonds commun ? Accords excentriques,
exposition conçue par Judith Quentel, pointe ces connections entre l’histoire de
l’art et la culture populaire au fil d’un parcours dans le château de Chamarande.
Certains s’attaquent aux objets, totems que les fétichistes traquent avec une
patience amoureuse. Michael et Florian Quistrebert s’amusent ainsi à customiser
la faune environnante, version guitare jamaïcaine, tandis que Dario Robleto
récupère vinyles et pochettes pour les transformer en sculptures. De même,
Stefan Hirsig fabrique de détonants collages, tout en volumes, qui rappellent
l’ambiance psychédélique de son adolescence. Si Angela Bulloch revisite, par le
minimalisme, la piste disco, Marina Abramovic préfère, elle, l’exubérance du
mambo dansé avec des chaussures aimantées.

D’autres artistes s’intéressent à l’imagerie véhiculée par la musique et ses
stars. Bruno Serralongue présente cinq portraits de fans de Johnny Halliday
venus de France pour l’acclamer lors d’un gigantesque show dans le désert de Los
Angeles. Jean-Luc Blanc a glané dans un magazine de mode une photo qu’il a
repeinte en icône de rocker, à la fois pathétique et sublime. Rainier Lericolais
dévoile, dans ces dessins dilués à l’encre, un visage intime d’idoles comme
Björk ou Johny Cash. Quant à Cécile Paris, c’est l’intériorisation des clichés
dans nos comportements qu’elle met en évidence dans une vidéo qui montre une
femme jouant de la guitare et reproduisant inconsciemment les gestes d’un rocker
en plein concert. L’univers underground inspire également nombre de créateurs,
tels Laurent Montaron ou Hugues Reip, qui a collecté des flyers dans les rues de
New York pour réaliser un film d’animation, ou encore Steven Parrino qui
applique le geste punk à la peinture. Enfin les ?uvres « visiblement sonores »
de Céleste Boursier-Mougenot, Davide Balula rappellent que la musique? s’écoute
aussi !

Gwénola David

Exposition Accords excentriques. Du 14 mai au 29 octobre 2006 ; tous
les jours de 12h à 19h.