Le Théâtre des Îlets : une maison de création, dans et hors les murs
À la tête du Théâtre des Îlets depuis 2016, [...]
Propos recueillis / Carole Thibaut
Jeu, musique, chant, danse exutoire, « cérémonie d’empouvoirement »… Seule sur scène, Carole Thibaut joue de toutes les forces du théâtre pour dénoncer les mécanismes de domination qui structurent notre société.
« Ex Machina part de l’intime, de l’humain, pour ouvrir sur l’universel et le sociétal. Le genre et le pouvoir sont des questions sur lesquelles je travaille depuis longtemps. Avec ce nouveau solo-performance, j’ai voulu voir comment moi-même, en tant que directrice de différentes institutions théâtrales, j’avais pu évoluer au sein du système de domination patriarcale, comment ma propre représentation sociale avait pu se transformer. Cela, en faisant sur scène des allers-retours entre mon expérience personnelle et des travaux de chercheuses ou de chercheurs qui creusent ces sujets sur le plan historique, philosophique, politique… Dans Ex Machina, il n’y a pas une seule ligne qui part d’un point A pour arriver à un point Z. Cette création embrasse beaucoup de choses. Mais la grande question, c’est quand même la fabrique des dominations, la façon dont cette mécanique sculpte nos nécessités de survie et d’existence.
Une forte dimension corporelle
Pour éclairer ces différentes perspectives, je m’empare du thème de la représentation, donc du théâtre. Car le pouvoir est un théâtre. Le corps étant l’endroit de la chair, de la réappropriation de qui nous sommes, j’ai souhaité qu’Ex Machina ait une forte dimension corporelle. Le pouvoir, lui, n’a pas de corps. Il n’est qu’une représentation. Sur le plateau, quelque chose de ma propre voix s’élève, s’affirme, se réapproprie un bout de mon histoire et de mon parcours. Ex Machina n’est pas une création qui regarde par-dessus. Ce solo cherche à savoir comment on fait, de l’intérieur, pour sortir de cette machine à produire des inégalités qu’est le modèle patriarcal. C’est la raison pour laquelle il était important pour moi que ce spectacle, même s’il est très écrit, explore un état de recherche et de fragilité qui renvoie à la performance. »
Manuel Piolat Soleymat
Tél. : 04 70 03 86 18.
Également du 27 novembre au 2 décembre 2023 aux Plateaux Sauvages à Paris et du 30 janvier au 3 février 2024 au TNP à Villeurbanne.