Britannicus
Avec une troupe de jeunes comédiens, le [...]
Picorant dans la littérature et dans les chansons, Nicolas Ducron et ses deux acolytes ont conçu un spectacle qui décline joyeusement toutes les couleurs de l’amitié.
Est-ce facile de prendre l’amitié comme sujet d’un spectacle ?
Nicolas Ducron : Chacun fait l’expérience de l’amitié au quotidien. Pour autant, peu de gens questionnent vraiment leur relation aux autres. Pourquoi nos amis le sont-ils ? Qu’adviendrait-il sans eux ? Qu’est-ce qui nous lie ? On affronte rarement ces questions… A vrai dire, je ne savais pas moi-même comment aborder le sujet, que m’avait proposé Thierry Roisin, pour créer un spectacle musical. Je me suis donc interrogé sur ce que nous serions sans les autres, sur ce qu’exige la construction d’une relation dans la durée, sur les conditions d’un échange véritable entre deux êtres. Pour cela, j’ai lu des philosophes, notamment Aristote, qui dit en substance que l’homme ne pourrait pas vivre sans ami, ni accéder au bonheur.
Quels sont les matériaux que vous avez réunis ?
N. D. : J’ai pioché dans le répertoire des chansons, de Renaud à Céline Dion, en passant par Brel, Brassens, Gainsbourg, les Beatles, Françoise Hardy, Charlélie Couture ou encore the Rembrandts. J’ai glané des extraits dans la littérature, en particulier chez La Fontaine, Montaigne ou Dolto. J’ai également écrit des saynètes dialoguées pour traiter de certains aspects que je ne trouvais pas dans les textes, par exemple l’impact de Facebook sur la notion d’« ami ». Une relation d’amitié se décline en diverses formes : l’entraide, l’écoute, l’échange de conseils, le partage de loisirs… Elle croise bien d’autres thématiques, tels que la trahison, la fidélité ou l’amour. A partir de ces matériaux, j’ai tramé un canevas dramaturgique en trois temps, qui évoquent trois moments de la vie : l’adolescence, l’âge adulte et la vieillesse.
Comment donnez-vous forme à ces matériaux très divers sur scène ?
N. D. : Nous empruntons au cabaret et au théâtre de masques. Notre approche n’est surtout pas didactique. Si nous ouvrons des questions, nous nous gardons bien d’y apporter des réponses définitives. Nous invitons plutôt le spectateur à plonger en lui-même, nous cherchons à le renvoyer à sa propre expérience pour que le spectacle trouve un écho intime avec son vécu.
Propos recueillis par Gwénola David