Carnages
François Cervantes et la compagnie [...]
Une physicienne et un apiculteur font connaissance lors d’un barbecue. A travers une suite de scènes qui se répètent en de subtiles variations, le jeune auteur britannique Nick Payne ouvre les portes d’un champ d’univers parallèles.
Quelles sont les constellations qui ont inspiré le titre de la pièce ?
Arnaud Anckaert : Ce sont toutes les variations des mêmes scènes qui se succèdent dans la pièce. La force de Constellations réside dans ce procédé dramaturgique. Le spectateur peut suivre plusieurs versions de l’histoire d’un couple. Mais une de ces versions se dessine, laissant de côté celles qui n’aboutissent pas. La construction de Constellations suit le principe de la symétrie de la naissance de l’univers.
Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre en scène ce texte ?
A. A. : Lorsque je lis un texte, qu’il m’intrigue et qu’il me pousse vers l’inconnu, je plonge. Une écriture vivifiante et des thèmes puissants (l’amour, la mort), avec une ouverture sur la cosmologie et le monde des abeilles : voilà qui a de quoi intriguer. Nick Payne est un auteur qui s’inscrit dans une tradition de théâtre allant de Harold Pinter à Alan Ayckbourn ou Caryl Churchill, des auteurs qui n’ont pas peur de formes dramaturgiques originales. Nick Payne navigue de la légèreté à la gravité, il allie humour et profondeur dans un style simple et efficace. La mise en scène repose sur le travail avec les acteurs. Le spectacle a une forme qui peut faire penser aux Suites de Bach ou à de la musique de Nick Cave. Il s’agit, pour moi, de traiter la pièce en partant de ce qu’elle est, à savoir la possibilité de vivre dans un monde multiple, non déterministe.
En quoi ce travail rejoint-il la ligne artistique de votre compagnie, le Théâtre du Prisme ?
A. A. : Depuis plusieurs spectacles, je me concentre sur des textes d’auteurs vivants. J’ai mis en scène des pièces de l’Irlandaise Enda Walsh, l’Allemand Franz Xaver Kroetz, le Britannique Dennis Kelly, la Hollandaise Lot Vekemans… Le Théâtre du Prisme est d’ailleurs à l’initiative de Prise Directe, un festival de lectures de théâtre contemporain biannuel qui a lieu au sein de la métropole lilloise. Je m’intéresse à la possibilité de raconter une histoire d’aujourd’hui ancrée dans une forme de réel. Le mot « réel » peut recouvrir une multitude de dimensions. C’est cette variété de possibilités qui est le sujet de Constellations. C’est aussi cette variété qui a inspiré le nom du Théâtre du Prisme, compagnie que je codirige avec Capucine Lange depuis plus de dix ans.
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat