« Dispak Dispac’h » par Patricia Allio : réinvestir des prises de conscience nécessaires car essentielles

C’est un moment pas comme les autres auquel nous convie Patricia Allio. Un moment rare, proprement hors du commun. Une représentation poignante qui est aussi joyeuse, car elle établit un espace de rencontre, de pensée et de partage. Cette agora citoyenne redéfinit avec beaucoup d’intelligence ce que peut être le théâtre dans notre société oublieuse et individualiste. On sort de ce Dispak Dispac’h ému et reconnaissant. On n’y apprend pourtant rien qu’on ne savait déjà : des femmes et des hommes meurent, chaque jour, en cherchant à fuir la guerre, la misère, la violence. En breton, Dispak signifie « ouvert, déplié » et Dispac’h « agitation, révolution ». La metteuse en scène ne nous appelle bien sûr pas à prendre les armes et ériger des barricades. Son geste est lumineux et sensible, tout en attestant d’une grande exigence de pensée. Il pose comme principe intangible l’égalité entre les êtres.

Les droits fondamentaux des exilés

L’une des ambitions affirmées par Patrica Allio est de faire de la scène un levier de résistance à l’indifférence généralisée. La première partie du projet expose ses fondements et énonce l’acte d’accusation rédigé à Paris, en 2018, par le Groupe d’information et de soutien des immigrés pour une session du Tribunal Permanent des Peuples. Divers témoins et acteurs de la société civile prennent ensuite la parole au sein d’un dispositif quadrifrontal habité par le public. Ils nous parlent de leurs combats, de ce qui les ont amenés à s’engager pour la défense des droits des migrants. Ces paroles puissantes, touchantes, nous rappellent à nos devoirs d’hommes et de femmes : rendre possible un monde dans lequel chacun, quel que soit son pays de naissance, peut avoir pour projet de mener une vie douce, une vie sans violence.

M.P.S.