Kristina Chaumont explore la souffrance psychique dans « La tête loin des épaules »
À partir de l’histoire de sa mère et de son [...]
Focus -324-Saison 2024/2025 du Théâtre de La Criée : l’art de bondir et de rebondir
Tamara Al Saadi réécrit le mythe d’Antigone et le fait dialoguer avec la jeunesse actuelle. Portraits croisés d’adolescentes accablées par l’état du monde et les injonctions contradictoires des adultes.
« J’avais l’intention d’explorer la figure d’Antigone que l’on associe souvent à la jeunesse, ainsi que la manière dont elle est perçue par les adolescents d’aujourd’hui. Ce spectacle devait croiser les points de vue des jeunes des territoires palestiniens occupés et ceux de jeunes Français, mais la situation politique nous a amenés à modifier le projet. C’est ainsi qu’Eden, adolescente d’aujourd’hui dialoguant avec Antigone, est entrée en scène. Alors que l’internement en pédopsychiatrie augmente de 40 %, que les tentatives de suicide des jeunes filles augmentent de 60 %, où en est la jeunesse ? J’ai construit le personnage de cette jeune fille d’aujourd’hui, en miroir d’Antigone, confrontée à la même impuissance et au même désir de donner sens à ce qui lui arrive. J’ai ainsi été conduite vers les jeunes de l’Aide sociale à l’enfance, ces 400 000 enfants comme effacés de notre quotidien.
Des enfants brisés dans l’absurde
Je propose ma propre relecture du mythe, démarrant l’histoire à la veille du combat entre Étéocle et Polynice. J’essaie de faire voir le huis clos familial et comment les enjeux géopolitiques se superposent aux tragédies de cette lignée. La dramaturgie croise des flashs des deux histoires. Le mythe et le récit contemporain s’entréclairent, laissant au public le soin de faire des liens entre eux. Mon Antigone est muette face au monde insensé qu’on lui livre. On lui confisque son libre arbitre. Elle ne peut que subir ou regarder. On ne laisse à la jeunesse actuelle ni la place de s’exprimer ni la possibilité de choisir, alors qu’on lui enjoint de sauver le monde. On laisse ces enfants brisés dans l’absurde, toujours discrédités, confrontés à des injonctions contradictoires. Ces thématiques sont lourdes, mais je veux les aborder avec beaucoup de légèreté, d’humour et de tendresse. Ce spectacle est une sorte de conte dystopique qui ouvre vers une belle promesse. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Tél. 04 91 54 70 54.
À partir de l’histoire de sa mère et de son [...]
Amateur d’expériences de théâtre totales, le [...]
L’intelligence, la bêtise : l'opposition [...]