Avec le festival Fériel Bakouri vise une ambition commune : cultiver la curiosité et le désir d’ailleurs

« Arts et Humanités a pour vocation de faire découvrir la performance dans une Scène nationale, ce qui est peu courant. J’en ai personnellement le goût. Surtout, il y a à Cergy une grande école d’art contemporain très centrée sur cette discipline, avec laquelle nous travaillons. La performance se pratique aux quatre coins du monde et il existe beaucoup d’artistes intéressants que l’on ne voit que très peu en France. J’ai eu envie de les présenter à Cergy dès mon arrivée il y a sept ans, et cela a encore plus de sens aujourd’hui puisqu’il semblerait que la venue d’ailleurs soit de plus en plus compliquée. Consciente du fait que les voyages de ces artistes en provenance de pays lointains ont un impact écologique important, mais ne pouvant me résoudre au repli sur soi, j’ai entrepris des actions pour nous associer à des partenaires français et européens afin qu’ils puissent circuler largement autour de notre territoire, rationalisant ainsi leurs déplacements. Cette démarche volontariste portera ses fruits dès la saison prochaine.

À la découverte des cultures du Sud global

En outre, j’assume de plus en plus au fil du temps un lien avec ce qu’on appelle le Sud global, dans un désir de rééquilibrage. Il y a notamment dans cette édition Mallika Taneja qui est indienne, Keyvan Sarreshteh qui est iranien ou Jolie Ngemi qui est d’origine belge et congolaise. Nous avons également pour la première fois doublé notre travail avec l’étranger d’un lien tissé au gré d’une coopération historique de l’agglomération de Cergy-Pontoise avec le Bénin. C’est dans ce cadre que nous proposons une rencontre avec la prêtresse Nan Ilé intitulée Comprendre le vodùn, culture et philosophie de vie. À rebours des clichés, le vodùn est une culture tout à fait sérieuse qu’il est important de réhabiliter, comme s’y emploie le Bénin avec la participation de la France. Là encore il s’agit pour nous d’ouvrir une porte sur le monde, de cultiver la curiosité. Dans cet esprit, nous poursuivons notre partenariat avec l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy dans le but de présenter une exposition qui fait écho à la programmation, avec des œuvres fortes, engagées, produites par des étudiants qui sont les artistes de demain. Volmir Cordeiro, notre artiste en résidence, les accompagne. Nous sommes également très heureux d’avoir réussi à opérer un croisement avec CY Cergy Paris Université puisqu’un étudiant du Master de création littéraire proposera lui aussi une œuvre. »

Propos recueillis par Delphine Baffour