La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -266-Festivals du réseau Spedidam

Au service de l’art et des artistes

Au service de l’art et des artistes - Critique sortie Jazz / Musiques
Guillaume Damerval

ENTRETIEN Guillaume Damerval
Directeur administratif et financier – gérant de la Spedidam

Publié le 26 mai 2018 - N° 266

Guillaume Damerval fait le point sur les festivals Réseau Spedidam, le dispositif Génération Spedidam et les nouveaux défis qu’affronte la société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes.

Faut-il considérer que le grand sujet de la Spedidam aujourd’hui est d’abord la question des droits des interprètes dans les champs nouveaux ouverts par l’univers internet ?

Guillaume Damerval : C’est absolument le cas. Et depuis notre dernier entretien il y a un an, la situation n’a pas beaucoup évolué. Nos revendications sont les mêmes. Et il faut les marteler. La Spedidam qui aime à se dire « l’alliée d’une vie d’artiste » a depuis sa création en 1959 œuvré dans ce sens. La loi de 1985 relative aux droits des artistes-interprètes fonctionne merveilleusement bien mais ce qui nous intéresse, c’est la mutation permanente des usages.

Quels nouveaux modes de diffusion de la musique posent problème ?

Guillaume Damerval : Ce qui n’existait pas auparavant, ce sont les web radios, mais la loi de 2016 a donné un cadre et les perceptions devraient arriver à un moment donné. En revanche pour tout ce qui relève du streaming et du téléchargement, il n’y a absolument rien ! Et je parle bien du streaming et du téléchargement légaux, encadrés par ailleurs par des lois. Les pratiques dominantes aujourd’hui sont celles du « à la demande » sur internet. Nos propositions visent à ce que les artistes puissent percevoir une rémunération sur ces nouveaux usages, tant sur les abonnements payants que sur le « à la demande » gratuit.

Qui a la clé du problème entre les mains ?

G. D.: Seul le législateur peut intervenir, comme il l’a fait en 2016 pour les web radios en imposant la rémunération équitable : 50 % pour les artistes et 50 % pour les producteurs. Nos interlocuteurs sont le ministère de la Culture et les parlementaires. Nous les rencontrons beaucoup. On sent que depuis un an l’écoute est différente et bienveillante quant à la prise en compte des 100000 artistes-interprètes que nous représentons. Mais il faut que cela aboutisse à une loi. Sur tous ces sujets, l’identification précise et complète des artistes interprètes lors des enregistrements est capitale. Nous demandons que soit inscrite dans un cadre législatif l’obligation d’identifier de manière précise tous les artistes-interprètes associés à un enregistrement. Pour répartir les droits c’est indispensable.

« Nous avons en projet la création de nouveaux festivals, deux au moins verront le jour dès 2019. »

A l’autre extrémité de la réalité musicale, il y a la scène, et la Spedidam s’implique beaucoup sur ce terrain à travers, par exemple, son réseau de festivals…

G. D.: Cela fera bientôt dix ans qu’on a lancé ce réseau et le bilan est extrêmement positif. L’objectif au départ était bien évidemment l’emploi des artistes-interprètes mais aussi la pérennité des festivals. Des festivals qui fonctionnent et perdurent, en contribuant à développer l’économie locale. Et ça marche ! A chaque fois grâce à un partenariat avec des élus, une association locale, et une association qui chapotent tous ces festivals, « Jazz au pays », dont le métier, contrairement au nôtre, est d’organiser la production. Nous finançons et garantissons aux élus le non-déficit des festivals. Les élus s’engagent eux à travers une charte. Par exemple, si la Spedidam finance un projet à hauteur de 100000 euros, la commune s’engage pour la somme de 30000 euros. La Spedidam se retire chaque année de 10000 euros pour intégrer des partenaires privés. Cela fonctionne très bien. Nous avons en projet la création de nouveaux festivals, deux au moins verront le jour dès 2019.

Vous avez aussi lancé le dispositif « Génération Spedidam »…

G. D.: L’idée est que, si à un moment de son parcours, un musicien, sans critère d’âge, de style musical ou de notoriété, a un projet particulier et besoin d’un coup de pouce pour développer son activité, nous l’aidons pendant 3 ans, notamment en le faisant jouer dans le cadre des festivals du réseau et en l’aidant dans sa promotion. On ne verse pas d’argent directement aux artistes. Connus ou non, médiatisés ou non, à la mode ou non, les artistes retenus sont désignés par leurs pairs. Ils sont choisis uniquement pour leurs qualités musicales.

 

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

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