Au-delà de la stabilité, c’est la mobilité qui fait la vie ! Rencontre avec Tatiana-Mosio Bongonga et Jan Naets

Que recouvre pour vous cette notion de « compagnonnage » sur trois ans ?

Tatiana-Mosio Bongonga : C’est en prenant le temps de se découvrir, de comprendre comment fonctionne une institution comme Circa qu’on peut se poser des questions ensemble, et aussi se remettre soi-même en question. Nous ne vivons pas dans les mêmes réalités, mais nous avons la chance de comprendre la direction qui est prise, de voir qu’à certains endroits ça frotte.

Jan Naets : Ces questions se sont transmises dans tous les corps de métiers et à tous les niveaux de l’association ou de la compagnie. Dès le début, il y avait cette envie d’horizontalité.

Quels types de « frottements » vous ont fait avancer  ?

T-M.B. : Par exemple, la parentalité. Nous avons commencé par une résidence de reprise et de remise en route pour moi, suite à un accouchement compliqué. J’arrivais donc avec mon enfant et la nounou, et je découvrais le monde de la parentalité et toute son organisation. Or, une nounou, ça ne fait pas partie de l’équipe artistique ! J’ai mis un an pour m’en ouvrir à Stéphanie Bulteau, directrice de Circa, et j’ai tout de suite été soutenue. Nous avons mis en place des tables rondes avec Circa, Territoires de Cirque, Artcena, et aujourd’hui, une charte est en cours d’écriture pour les parents à forte mobilité professionnelle.

« Nous, compagnie Basinga, avons envie de nous déséquilibrer, de découvrir d’autres mondes. »

Avec les différents publics rencontrés, qu’est-ce que votre pratique mobilise, et déplace ?

T-M.B. : D’un point de vue symbolique, l’enjeu est de trouver son équilibre. Puis on se rend compte que cet équilibre n’existe pas, qu’on est toujours en train de le chercher et que c’est le fait de le chercher qui fait qu’on reste stable. C’est très beau de pouvoir enseigner ça à des enfants et à des adultes. C’est la mobilité qui fait la vie. Une telle prise de conscience permet de sortir de la notion de stabilité, qui n’est qu’un concept. Tout un tas de valeurs en découlent : le fait de chercher toujours, de savoir qu’il y a une chute, mais dont on se relève.

J.N. : Très souvent, nous restons figés dans notre équilibre habituel. Nous, compagnie Basinga, avons envie de nous déséquilibrer, de découvrir d’autres mondes. Avec des habitants, des institutions, nous arrivons à nous déplacer un tout petit peu…  en amenant les gens en douceur dans ces endroits-là – parfois ce sont des chocs, aussi. C’est ça qu’on aime !

Que retenez-vous de ce compagnonnage ?

T-M.B. : L’entraide, la main tendue, avec des personnalités à Circa qui ont été présentes et hyper solides pour que les projets se concrétisent. Je retiens aussi l’écoute, la confiance et l’horizontalité, qui fait qu’on n’est pas dans des rapports de force, mais tous responsables.

J.N.  : L’accessibilité, aussi, car les choses sont directes et simples avec tous les membres de l’équipe. Avec les publics, c’est formidable aussi de faire connaissance. Puis de partager le plaisir de se revoir, de se reconnaître, de se souvenir des belles choses qu’on a faites ensemble.

Entretien réalisé par Nathalie Yokel