Antonio Calbi, directeur de l’Institut : effervescence artistique !

De quelle manière votre expérience a-t-elle nourrit votre mission ?

Antonio Calbi : Je viens du monde du théâtre. D’abord critique théâtral à La Repubblica, j’ai dirigé ensuite plusieurs théâtres emblématiques à Rome, puis le théâtre de Syracuse, avant d’être nommé pour un mandat de quatre ans à la tête de l’Institut culturel italien à Paris. Fort de cette longue expérience de production culturelle, c’est un bonheur pour moi de mettre en œuvre une programmation pluridisciplinaire – spectacles, concerts, projections de films, expositions, conférences… Une diversité qui éclaire des figures majeures de la culture italienne, mais aussi des artistes méconnus du public français, qui représente 80% de notre public. Ces propositions sont présentées dans les murs de l’Institut ou l’été dans le jardin, mais aussi hors les murs. Nous tissons un dialogue particulièrement fécond avec diverses structures culturelles, comme le musée Jacquemart-André, la Cinémathèque, le musée d’Orléans, le musée Rodin, le Festival d’Automne, le Petit Palais, etc. Dans ce dernier lieu a été présentée en 2023 Le Paris de la modernité, 1905-1925, exposition autour de l’effervescence créative de l’époque. Rappelons qu’en 1909 le manifeste du Futurisme du poète Marinetti parut en Une du Figaro en 1909. Nous avons exposé chez nous en 2024 la sculpture de Umberto Boccioni Formes uniques de la continuité dans l’espace. Les échanges entre la France et l’Italie jalonnent l’Histoire, et notre programmation éclaire aussi ce dialogue culturel, parfois méconnu, qui impacte et enrichit le monde de l’art.

« La France et l’Italie entretiennent une sorte de liaison amoureuse. »

Comment caractérisez-vous la relation entre les deux pays ?

A.C. : La France et l’Italie entretiennent une sorte de liaison amoureuse, de très longue date. Donné à François d’Assise, mort en 1226, le prénom de François fut créé en hommage à la France. Parmi tout ce qui relie les deux pays, la culture est un élément essentiel, ce que rappellent évidemment Catherine de Médicis, ou Léonard de Vinci, qui symbolise le génie italien qui allie savoir-faire et créativité. L’année 2026 célèbre les 70 ans du jumelage exclusif entre Paris et Rome, dont la devise est « seule Paris est digne de Rome, seule Rome est digne de Paris ». Fait méconnu, les Parisiens ont accès gratuitement aux musées municipaux de Rome, et réciproquement. En ce début d’année, nous proposons des concerts, dont celui de Nicola Piovani, des pièces de théâtre, des films, des expositions… en un éclectisme qui traverse les époques.

Propos recueillis par Agnès Santi