Animal – Danser avec le vivant, conception Kaori Ito et Manolo

Le public rentre à peine qu’un cheval est déjà au pas sur le plateau du théâtre. Dans les coulisses à vue, trois chevaux noirs attendent que vienne leur tour. Cette absence d’apprêt reflète l’intention d’Animal : par le dépouillement, rapprocher les humains des animaux jusqu’à les accorder. Dans cette quête qui passe par l’écoute, Manolo est accompagné d’une danseuse inspirée, de deux grooms, et de deux musiciens qui jouent en direct. Les quatre chevaux se succèdent, chacun avec un mouvement qui lui est propre. La grâce se trouve quand les humains réussissent à danser avec les chevaux, dans une énergie de corps, un rythme, une attention partagée.

Écouter l’animal chez l’humain, l’humain chez l’animal

À propos de ce spectacle, Manolo confie qu’il voulait « danser avec [sa] moitié animale ». Chaque étalon amène une couleur très différente, qui va d’une puissance nerveuse à l’abandon confiant. Pour faire le lien entre les êtres, la danse génère « une possibilité de dialogue », comme le dit Kaori Ito. Le lâcher-prise croissant de la danseuse et du cavalier leur permettent de trouver une présence ouverte et une grande harmonie avec les bêtes. Le tableau final, superbe, voit Manolo exécuter des figures de voltige au ralenti sur un cheval qui se tient parfaitement immobile. C’est un spectacle drôle et délicat, où l’animal donne le rythme et où l’humain suit.

Mathieu Dochtermann