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Focus -327-Amala Dianor en quête de défis à la Maison des Métallos, pour mieux nous unir !

Amala Dianor en quête de défis à la Maison des Métallos, pour mieux nous unir !

Amala Dianor en quête de défis à la Maison des Métallos, pour mieux nous unir ! - Critique sortie  Paris La Maison des Métallos
Crédit portrait : Jérôme Bonnet Amala aux Métallos en décembre

Publié le 25 novembre 2024 - N° 327

C’est une écriture à la rencontre de soi et des autres que nous révèle cette plongée dans l’univers d’Amala Dianor. Une immersion dans un répertoire extrêmement vivant de danses, mais aussi d’images et de musique, pour un lâcher-prise joyeux et festif !

Vous ouvrez votre programme par un solo de 2014. Quelles étaient vos préoccupations d’alors, et comment êtes-vous arrivé ensuite à Wo-Man et M&M ?

Amala Dianor : Ce qui m’intéressait à l’époque de la création de Man Rec, c’était de donner à voir ma démarche, en tant que danseur et chorégraphe très à cheval sur la qualité du mouvement, sur la recherche d’un vocabulaire hybride entre danse hip hop et danse contemporaine. Ce solo pétri de physicalité a continué à beaucoup tourner, même si j’avais peur qu’il perde sa fraîcheur et sa tonicité dans le temps. La transmission à un autre interprète n’a cependant pas fonctionné ; la meilleure idée fut alors de lui donner une autre couleur, une autre tonalité, en le réécrivant pour un corps féminin, ce qui a donné Wo-Man. J’ai rencontré Nangaline Gomis, dont le parcours est à de nombreux endroits similaire au mien. Franco-sénégalaise, elle a fait de la danse africaine, de la danse classique, le conservatoire de Lyon… Il lui manquait le hip hop, et ça a été très intéressant pour moi de lui apporter cet élément-là. Elle m’a permis d’apprendre à connaître cette génération de danseurs qui sont très sensibles à la façon dont ils se définissent dans notre société contemporaine. Elle m’a vraiment confronté à qui j’étais en tant que presque quinquagénaire, cisgenre, et ça a été très enrichissant. Dix ans séparent ces deux pièces, pendant lesquels j’ai essayé de maîtriser l’exercice de la chorégraphie, en trouvant l’équilibre et la justesse entre tout ce qui est proposé sur scène – la danse, la musique, la lumière, la scénographie, les costumes, la dramaturgie… jusqu’à la grande forme Dub. Le duo M&M m’a permis d’aiguiser ma manière de chorégraphier mais surtout de proposer des rencontres de danseuses, de corps différents, d’esthétiques différentes, qui pourtant arrivent à trouver un dialogue et une cohérence. J’ai trouvé dans le dancehall une qualité de danse peu exploitée et visible sur la scène aujourd’hui et je trouvais intéressant de lui faire rencontrer la danse contemporaine.

« Les défis, c’est ce qui me construit. »

Crédit : Romain Tissot
Nangaline Gomis interprète Wo-Man d’Amala Dianor

On entend ici la question de la rencontre et de l’altérité. Comment parle-t-on de cela à des tout petits enfants de 1 an ?

A.D. : Par le mouvement ! (rires). Avec Coquilles, j’ai voulu revenir en enfance, me mettre au même niveau que ces enfants qui découvrent le monde. Je me suis rappelé que là où mon imaginaire fonctionnait le mieux, c’était au travers des contes. J’invite les enfants dans un voyage extraordinaire avec une mante religieuse et un bébé gorillon, en essayant de tirer un fil concret de narration tout en apportant une forme d’abstraction. C’est une proposition sans parole, un pas de deux hip hop, classique et contemporain, qui capte l’attention des enfants par des mouvements purs, sans lésiner sur la qualité et l’exigence de la chorégraphie.

Le 19 décembre, il y a une grande rencontre intitulée “Le défi d’être soi“. Qui êtes-vous, et quels ont été vos défis ?

A.D. : Je suis quelqu’un qui adore affronter des défis, mais qui s’est confronté à une société qui l’a ramené à ce qu’il était, alors que cela n’avait pas d’importance à ses yeux. Ma couleur de peau, mes origines ont orienté beaucoup de choses. Avant de faire l’école du Centre National de Danse Contemporaine, j’étais en BTS commercial et j’ai bien compris que les gens ne me faisaient pas confiance parce que j’étais noir. Cela a été très compliqué avant que je retourne cette situation. J’ai ensuite relevé le défi d’apprendre la danse contemporaine, de devenir interprète de haut niveau, d’être chorégraphe, de monter ma compagnie, et de durer… Chaque projet est un défi car rien n’est acquis, on se met à nu, en danger, pour essayer de faire bouger les lignes. Les défis, c’est ce qui me construit en tant qu’individu, en tant qu’artiste, en tant que Français.

 

Entretien réalisé par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

du jeudi 5 décembre 2024 au jeudi 19 décembre 2024
La Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris

À ne pas manquer, le 7 décembre :

Projection Cinédanse, de Grégoire Korganow et Amala Dianor, en continu.

Fête et clubbing La Maison du Kika conçue par Crazy + DJ set Awir Leon, à 15h et 21h30.

 

Tél. : 01 47 00 25 20. www.maisondesmetallos.paris

 

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