_GROUND de Diego « Odd Sweet » Dolciami

De quoi parle-t-on avec les danses swing ?

Diego Dolciami : Souvent, on utilise le terme swing par facilité, mais dans la communauté on appelle ces danses les danses jazz authentiques, car elles renvoient aux premières formes de la danse jazz. Ce sont des danses revendicatives qui ont été créées dans un contexte d’oppression par la communauté afro-américaine à partir des années 1920, particulièrement à Harlem. On les retrouve petit à petit dans les premières formes de danse hip hop, dans le locking avec la musique funk, un peu plus tard avec le break, et ensuite dans la house.

« Dans cette pièce, je mets en opposition les lieux souterrains avec ce qu’on appelle l’overground, c’est-à-dire le quotidien, la routine. »

Vous emmenez votre création, au-delà de la forme et du style, vers la question de la culture, qui est celle des danses de clubs…

D.D. : Le jazz est né dans les ballrooms, les premières formes de boîtes de nuit. Cette envie de sortir, de s’exprimer, de se connecter avec des gens à travers des danses sociales, est née à ce moment-là dans le jazz, et on la retrouve aujourd’hui dans la house. Dans la pièce, je mets en opposition ces lieux souterrains avec ce qu’on appelle l’overground, c’est-à-dire le quotidien, la routine… Ces deux univers contrastés se contaminent l’un l’autre. Le voyage nous amène à nous retrouver finalement un peu coincés entre les deux, avec un bas du corps underground et haut du corps overground. On travaille beaucoup avec cette dissociation, cette isolation des deux parties du corps, et on se rend compte qu’on crée un troisième monde, un monde utopique, peut-être un monde meilleur.

Entretien réalisé par Nathalie Yokel