Greta Oto avec Matthieu Ehrlacher et Tânia Carvalho
Greta Oto, le papillon amazonien aux ailes [...]
Le grand raout dédié aux cultures du monde fête un quart de siècle de musiques au pluriel.
« Quarante ans donc déjà que ce qui n’était qu’utopie perdure et qu’année après année la Maison des Cultures du Monde propose à son public des témoignages du génie des peuples. » Dès sa première phrase, l’édito de Chérif Khaznadar résume la réussite avérée de cette institution, qui a permis la diffusion de productions, livres comme disques, témoignant notamment de la diversité à l’œuvre dans le monde artistique. Dans ce cadre ouvert à 360 degrés sur l’autre, le festival dont on célèbre le quart de siècle poursuit pareille mission, démontrant la vivacité de créations à l’obsolescence non programmable tout en visant à tracer, entre les lignes de l’imaginaire collectif, des parallèles et ponts entre ceux et celles que les a priori ethnocentristes cherchent trop souvent à séparer.
Un triangle équitable
Emblématique de cette quête où le patrimoine immatériel de l’humanité s’entend comme une donnée cardinale pour bâtir le monde de demain, le concert d’ouverture réunit le 8 octobre trois artistes originaires du Moyen-Orient qui incarnent parfaitement cet ancrage dans ladite tradition, où la permanence de valeurs s’enrichit constamment de leurs nécessaires mutations au fil du temps. Architecte et musicologue, le Turc Kudsi Erguner a été l’instigateur de ce qu’il nomme un « moment de partage ». Aux côtés de l’un des propagateurs du soufisme en France, la chanteuse et oudiste syrienne Waed Bouhassoun, née dans le Djebel druze et diplômée d’ethnomusicologie, avec laquelle il échange depuis leur rencontre en 2008, déjà à l’initiative de la Maison des cultures du monde, et Omar Bashir, fils et unique légataire de l’immense maître du oud irakien Munir Bachir. Soit une rencontre du troisième type qui devrait fournir le juste diapason de cette édition aussi commémorative que prospective.
Conjugaisons prospectives
Cette faculté à conjuguer présent et passé est aussi au cœur du propos du ballet rituel du royaume de Porto-Novo (le 9), capitale du Bénin, dont les chants et chorégraphies arrimés au culte des vodun d’Ajogan relisent les mythes fondateurs sans pour autant oublier d’aborder des problèmes plus contemporains, tels que l’éducation. Le reste de la programmation s’inscrit dans ce sillon, qu’il s’agisse des danses coréennes (le 11), des chants et rituels des aborigènes Bunun de Taïwan, des polyphonies vocales aux échos contemporains (le 10), de la bande-son du collectif Humazapas qui incarne le rôle pivot de la jeunesse dans la préservation des répertoires musicaux associés à la vie rituelle des communautés kichwa de Cotacachi, au nord de l’Équateur (le 12), ou du táncház, une pratique initiée voici cinquante ans où les jeunes urbains se réapproprient les danses et musiques traditionnelles hongroises (le 15). Et pour clore cette édition, l’éminente Waed Bouhassoun, en quartet féminin, reliera le savant et le populaire au présent du suggestif.
J.Denis
Du 8 octobre au 15 octobre 2022. https://www.maisondesculturesdumonde.org/festival-de-limaginaire/
Greta Oto, le papillon amazonien aux ailes [...]