Musique sacrée et orgue en Avignon
Alors que la rumeur des mots remplira de [...]
Écrit par le torrentueux Dieudonné Niangouna pour Frédéric R. Fisbach, Et Dieu ne pesait pas lourd raconte les tribulations d’Anton à travers un monde qui se déglingue.
Qui est cet Anton que vous incarnez ?
Frédéric R. Fisbach : Il est né à la fin des années 60 dans une banlieue. Il a assisté en observateur un peu décalé à la transformation de l’univers de sa cité. Il est parti aux États-Unis où il a rencontré un DJ louche à Seattle, qui a tenté de l’enrôler dans le combat islamiste en Afrique. Il est embarqué par la CIA, envoyé en Libye, libéré par les services secrets français… Enfin, on se demande ce qui est vrai et ce qui est inventé dans ce qu’il dit, jusqu’à la fin où on découvre la surprenante réalité de la situation.
De quoi traite ce monologue ?
F.R.F. : C’est un texte gigogne, riche et dense comme la langue de Dieudonné Niangouna. Le titre – Et Dieu ne pesait pas lourd… – indique une bascule entre un avant et un après. Un temps peut-être imaginaire où la question religieuse était intime et ne pesait pas tant dans la politique française. Ou pas si visiblement. Niangouna y traite aussi des rapports entre l’Afrique et les pays riches, de la radicalisation, du racisme, du lien familial, à la mère notamment. C’est un texte qui navigue entre l’intime, le prosaïque et l’universel, qui parle d’Anton et du monde.
Dans la langue si propre à Niangouna ?
F.R.F. : Dieudonné est pour moi l’un des plus grands dramaturges vivants. A mon avis, ce texte relève du stand-up et du monologue lyrique shakespearien. Le porter sur scène, c’est comme une plongée : il convoque le corps, le souffle, un vrai rapport athlétique à la langue. Mais je ne joue pas Anton comme Dieudonné le ferait. Je vais éclairer son travail à ma manière. Et Dieudonné, ce n’est pas qu’une langue. Ce sont aussi des situations, très concrètes, qu’il faut incarner. On a déjà joué ce spectacle dans des lycées, en Seine-Saint-Denis notamment, mais aussi en Afrique. Cela débouchait toujours sur des débats passionnants.
Propos recueillis par Eric Demey
à 16h45. Relâche les 12,19 et 26. Tel : 04 84 51 20 10. Durée : 1h.
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