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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Antônio Araújo

Espace économique

Espace économique - Critique sortie Avignon / 2014 Avignon
Crédit photo : Flavio Morbach Portella

Hôtel des Monnaies / Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas / de Bernardo Carvalho / mes Antônio Araújo

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

Directeur artistique du Teatro da Vertigem, dont la notoriété a depuis longtemps franchi les frontières du Brésil, Antônio Araújo crée, à l’Hôtel des Monnaies, la version avignonnaise d’un spectacle conçu à Bruxelles, dans le cadre du projet Villes en scène / Cities on stage, initié par le Théâtre National de la Communauté française de Bruxelles, et soutenu par la Commission européenne.

Comment allez-vous passer de Bruxelles à Avignon ?

Antônio Araújo : Nous avons créé et répété ce spectacle à Bruxelles, pour le présenter dans le bâtiment désaffecté de la Bourse. Il s’agit là d’un travail spécifique, pensé pour un endroit spécifique, que nous recréerons pour l’Hôtel des Monnaies à Avignon. Il ne s’agit pas d’un autre spectacle, puisque le texte et les comédiens restent les mêmes, mais le travail de mise en scène sera une recréation, dans la mesure où tout est pensé à partir de l’espace. La Bourse de Bruxelles est un immense espace ; à Avignon, l’espace est plus petit et son architecture est complètement différente. Dans notre travail, l’espace joue un rôle très important. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons construit nos spectacles en fonction de l’espace de leur interprétation.

« Montrer que de nombreux rapports humains passent par des rapports économiques. »

Comment travaillez-vous ?

A. A. : En général, un thème nous intéresse et nous commençons à improviser dessus. Puis nous créons un scénario, un texte et commençons à réfléchir à l’espace à investir pour le jouer. Quand nous entrons dans l’espace choisi, beaucoup de choses changent encore, à cause du dialogue avec l’espace et des tensions qu’il crée de lui-même. Pour ce spectacle, nous avons un peu changé notre approche et notre façon de travailler, à cause de la brièveté du temps de répétition dont nous savions devoir disposer. Nous avons invité Bernardo Carvalho, un des plus grands écrivains brésiliens contemporains, avec lequel nous avions déjà travaillé. Le thème était imposé par le projet de départ, Villes en scène, qui invitait sept metteurs en scène pour créer un spectacle à partir du sujet de la ville et du vivre ensemble dans la ville. Dans notre cas, le point de départ était la ville de Bruxelles. Cela nous a semblé un peu arrogant de débarquer, Brésiliens que nous sommes, pour parler d’une ville où nous n’habitions pas. Nous avons donc gardé le sujet de la ville mais un peu voyagé, en mélangeant nos impressions sur São Paulo, où nous vivons, et Bruxelles. A ce regard, nous avons ajouté celui des comédiens belges sur leur ville, et un dialogue s’est installé entre ces deux villes et même avec d’autres villes, puisque Bernardo Carvalho a vécu à Paris et à Berlin. En sortant du territoire symbolique que dessine le pays de chacun, nous nous rencontrons dans un endroit qui est comme un autre territoire, et qui n’est plus marqué par nos habitudes géographiques et identitaires. Le dialogue est bouleversant et la rencontre très inspirante.

Quel est le fil narratif du spectacle ?

A. A. : Bernardo Carvalho a proposé l’histoire d’une jeune femme, économiste, qui vient à Bruxelles pour donner une conférence dans un congrès. Elle y amène son père, aphasique, espérant pouvoir consulter un médecin, et parce que son père a été exilé politique dans cette ville pendant la dictature militaire au Brésil. Mais le père disparaît, et sa fille le cherche partout dans la ville, dans une sorte de longue déambulation urbaine. Voilà ce qui a rapport au thème de la ville. Mais un autre thème est important, celui de l’économie. Nous avions le désir de parler de la crise économique et de montrer que de nombreux rapports humains passent par des rapports économiques. Il nous fallait alors trouver un endroit où la question de l’argent soit présente et organise l’espace : la Bourse de Bruxelles, l’Hôtel des Monnaies à Avignon.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas
du lundi 7 juillet 2014 au jeudi 17 juillet 2014


Festival d’Avignon. Hôtel des Monnaies. Les 7, 8, 12, 14 et 16 juillet à 22h ; les 9, 10, 13, 15 et 17 juillet à 21h et minuit. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h.

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