« Cyrano » rappeur, une épée acérée du Collectif Chapitre Treize
Un Cyrano actualisé jusqu’au bout de l’épée [...]
Éric Chantelauze convie sur scène deux comédiens incarnant deux dactylos à passer une vie à côté l’un de l’autre. Un récit sur le passage du temps et la routine au travail.
Parti pris old school pour cette adaptation du texte de Murray Schisgal, dont l’action se déroule en 1964 dans une entreprise de vente de culottes de golf. Éric Chantelauze a choisi de ne pas troquer les machines à écrire pour des Mac, ou les casiers en métal pour des armoires Ikea. Une manière d’accentuer l’actualité des enjeux soulevés par l’histoire de Silvia Peyton et Paul Cunningham. Ces deux dactylos se rencontrent lorsque Paul est recruté pour une mission passionnante : taper les adresses de tout l’annuaire au dos de petits flyers publicitaires pour qu’ils soient expédiés. Les interactions sont d’abord timides puis se détendent. Elles outrepassent parfois (souvent) le cadre professionnel, comme lorsque les deux s’avouent qu’ils ont très envie l’un de l’autre. Un emportement charnel avorté par Silvia : « Il faut que j’appelle ma mère et vous, votre femme !». Les sujets tournent en boucle : les cours de droit suivis par Paul, le patron agaçant, les petits amis de Silvia, l’heure du déjeuner…
Un jour sans fin
L’épanouissement, voilà ce qu’il manque à ces deux êtres de frustration, qui se disputent et se rabibochent en un rien de temps. Paul voudrait devenir avocat ou monter en grade dans l’entreprise, Silvia s’ennuie chez sa mère. La journée de travail passe, symbolisée par une horloge que Silvia remonte ou avance en permanence, mais ne se termine pas. Au fur et à mesure, on comprend, un peu difficilement au départ, que les années s’écoulent alors que les deux personnages restent assis dans le même bureau. Leur relation, qui semble évoluer si vite, se construit en réalité au goutte à goutte. C’est l’idée centrale de la pièce, les protagonistes vieillissent par des changements de posture, des lunettes posées un peu trop loin sur le nez. Leurs aspirations ont peu à peu laissé place à une routine parfaitement réglée. Ce dispositif, plutôt intelligent, prend toutefois un peu de temps à se déployer et pendant une grande partie de la pièce on se demande où tout cela mène. Malheureusement, l’humour ne fait pas souvent mouche et le texte peine à piquer profondément notre rapport au travail, mais peut-être est-ce une affaire de génération ? Les dernières scènes demeurent touchantes, on y ressent cette fois-ci l’affection profonde qui s’est construite entre deux personnes que le temps a rapprochées.
Enzo Janin-Lopez
à 18h15, relâche les 9, 16 et 23 juillet.
Durée : 1h15
Tél : 04 32 76 02 79
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