La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Entretien Cyril Teste

Entretien Cyril Teste - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Pierre-Jérôme Adjedj / photographe du collectif MxM

Publié le 10 octobre 2008

Electronic City : pour une vision cubiste du plateau

Cyril Teste et les membres du collectif MxM interrogent avec Falk Richter la place de l’homme et la possibilité de l’amour dans notre postmodernité saturée d’images.

Comment avez-vous rencontré l’œuvre de Falk Richter ?
Cyril Teste : Il y a trois ans, par l’intermédiaire d’Anne Monfort qui est la dramaturge de notre collectif. Nombreux sont les auteurs qui ont dénoncé les médias mais ce qui est intéressant chez Richter, c’est qu’il est au-delà de cette dénonciation : ses personnages sont déjà totalement contaminés et le matraquage médiatique est digéré. Richter crée une œuvre à part qui se réduit presque aux ossements de l’écriture, en un quasi-synopsis de didascalies, qui permet un traitement de l’image fécond autour d’un texte qui reste incomplet en lui-même. Cette forme de narration défigurée nous permet de réécrire Electronic City au plateau et de réaliser notre envie de montrer le processus de fabrication des images plutôt que les images.
 
Quelle est l’histoire que raconte Electronic City ?
C. T. : Une histoire simple. Lui est un homme d’affaires constamment en voyage. Sa femme travaille dans des aéroports. C’est là qu’ils se retrouvent furtivement, dans ces lieux où la rencontre est possible mais fugitive, et leur histoire est faite de rendez-vous manqués. Peut-on encore s’aimer dans ce contexte-là ? En parallèle, se déploie l’histoire d’un auteur réalisateur en train d’écrire un film et ces personnages sont peut-être les siens. Aujourd’hui, on travaille beaucoup sur le rapport entre la réalité et la fiction. Richter, lui, explore le rapport entre représentation et réalité, ce qui me paraît plus important. Il décrit des êtres très contraints par la représentation qui se perdent à force de jouer.
 
« Considérer l’image comme un phonème, un verbe parfois, plutôt qu’une illustration. »
 
Electronic City est l’œuvre du collectif MxM. Comment fonctionne ce collectif ?
C. T. : Le collectif est né en septembre 2000. Ce groupe, essentiellement structuré par des techniciens, est accompagné par un petit groupe d’acteurs. Le collectif fonctionne selon un système horizontal et non pas pyramidal. Nous essayons de trouver une grammaire commune mais chacun reste autonome dans sa partie. Les membres de MxM travaillent et s’interrogent ensemble, ce qui offre un kaléidoscope plus juste au niveau de la création, dans ce mélange d’indépendance et de dépendance qui permet l’interaction.
 
La vidéo occupe une grande place dans vos spectacles. Pourquoi et comment ?
C. T. : Cette utilisation est générationnelle : les images font intrinsèquement partie du monde dans lequel nous sommes nés et avons grandi. Le théâtre doit rendre compte de l’humain et de son environnement et le nôtre est indissociable des images. Mais notre principe est de les dissoudre dans le spectacle, de les effacer au profit du plateau. Le temps du théâtre est du temps réel. Le temps de l’image est tout autre. Or nous cherchons à amener le temps de la vidéo au temps du théâtre, en une vision très cubiste qui explore la notion de temps lors d’une représentation. Il s’agit de considérer l’image comme un phonème, un verbe parfois, plutôt qu’une illustration. C’est en ce sens qu’il faut avoir la volonté d’une grammaire de l’image et considérer la vidéo comme un outil complémentaire de tous les autres dont les effets puissent s’intégrer à l’ensemble du spectacle.
 
Propos recueillis par Catherine Robert


Electronic City, de Falk Richter ; spectacle du collectif MxM ; mise en scène de Cyril Teste. Du 16 octobre au 2 novembre 2008. Jeudi et vendredi à 20h ; samedi à 19h ; dimanche à 16h ; relâche lundi, mardi et mercredi. Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard Jules-Guesde, 93200 Saint-Denis. Réservations au 01 48 13 70 00. Navette retour vers Paris et navette dionysienne (réservations au 01 48 13 70 00) tous les soirs. Renseignements sur www.theatregerardphilipe.com

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