La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

En se couchant, il a raté son lit d’après des textes de Daniil Harms, mis en scène par Lilo Baur et Jean-Yves Ruf

En se couchant, il a raté son lit d’après des textes de Daniil Harms, mis en scène par Lilo Baur et Jean-Yves Ruf - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard Philippe - Centre Dramatique National de Saint-Denis
Lilo Baur © DR

d’après des textes de Daniil Harms / mes Lilo Baur et Jean-Yves Ruf

Publié le 28 février 2019 - N° 274

Méconnu en France, Daniil Harms (1905-1942), écrivain russe de la première moitié du XXème siècle, a laissé de sa traversée du régime soviétique des écrits drôles et angoissants, que Lilo Baur et Jean-Yves Ruf ont décidé de porter à la scène.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots qui est Daniil Harms ?

Lilo Baur : J’ai découvert ses textes en Angleterre il y a une vingtaine d’années. C’est un écrivain drôle et grinçant, envoyé en exil par le régime soviétique, mort en 1942 dans un hôpital psychiatrique, qui n’a eu de cesse de dénoncer le système totalitaire soviétique à travers une écriture très musicale, presque mécanique.

A quelle littérature peut-on le rattacher ?

L.B. : C’était un ami du peintre Malevitch et il a été membre de l’Oberiou, mouvement futuriste russe, proche du surréalisme donc. On peut le rapprocher de Beckett pour sa noirceur, de Gogol pour son côté absurde et sa description d’un monde totalitaire angoissant, mais aussi à ce dernier titre de Kafka. André Markowicz, qui a traduit ses textes, estime qu’il ressemble à Feydeau car son écriture est si vive qu’elle ne laisse pas le temps de la réflexion.

Quels sont les thèmes récurrents de ses écrits ?

L.B. : On y trouve beaucoup de chutes, de gens qui tombent, et aussi des situations de slapsticks, des scènes comiques qui engagent une certaine violence physique, comme chez Laurel et Hardy. Avec l’omniprésence d’un œil extérieur, qui vous surveille. De manière générale, ses personnages s’habituent à la cruauté, ne réagissent même plus à l’anormalité de ce qui se passe.

« Nous cherchons à construire un enchaînement qui développe une véritable chorégraphie poétique. »

Quels textes avez-vous choisi de porter à la scène ?

L.B. : Nous avons tout lu de lui, tout ce qui existe en français ou en anglais. Le texte agrège de courtes histoires, des poèmes, des blagues, des fragments, de brefs dialogues… Nous cherchons à construire un enchaînement qui ne constitue pas une simple suite de scènes, mais qui développe une véritable chorégraphie poétique. Il se crée une alternance de situations théâtrales et d’autres plus narratives. Nous avons choisi sept comédiens et comédiennes pour leur capacité à porter cette poésie de Harms mais aussi pour leur niveau physique. Nous avons beaucoup travaillé à partir d’improvisations, vers une sorte de biomécanique à la Meyerhold. C’est Jean Bellorini qui a créé les lumières et Xavier Jacquot la composition sonore. Le but est de retrouver les mouvements, la musicalité si particulière de cette écriture.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

En se couchant, il a raté son lit d’après des textes de Daniil Harms, mis en scène par Lilo Baur et Jean-Yves Ruf
du lundi 11 mars 2019 au dimanche 31 mars 2019
Théâtre Gérard Philippe - Centre Dramatique National de Saint-Denis
59 Bd Jules Guesde, 93200 Saint-Denis

du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30, relâche le mardi. Tel : 01 48 13 70 00.

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