« Dans le silence des paumes » : un hommage aux femmes du labeur par Florian Pâque
Entre théâtre documentaire et création [...]
À la manière d’un jeu de pistes autour d’un piano, Quatre mains d’Alexandre Koutchevsky noue les retrouvailles de deux anciens camarades de Conservatoire sur les notes de la Fantaisie en fa mineur de Schubert.
Trente ans après s’être perdus de vue, Aline et Élios se retrouvent au détour d’un hasard organisé par Jean, un troisième camarade du Conservatoire de Nice. Comme une résurgence involontaire, les premiers notes que joue Élios sur le piano de la gare de Troyes sont celles de la Fantaisie en fa mineur D 940 de Schubert, qu’il devait préparer avec Aline, pour l’interpréter à quatre mains à la fin de l’année scolaire. Jalonné de flash-back qui, comme la musique, émoussent la frontière entre passé et présent, le jeu de pistes préparé par Jean mènera le duo à Vienne, la sous-préfecture de l’Isère et non la capitale autrichienne. Puis à Nice, sur les traces de leur amitié interrompue par l’abandon des études de musique, les deux garçons se sentant comme pas assez doués et la jeune fille perdant ses moyens sous le joug d’un professeur de piano autoritaire.
Une subtile alchimie entre texte et musique
Retrouvant la voix de la professeure de solfège qui l’avait traumatisé, Élios reconstitue la salle de cours en apostrophant les spectateurs comme autant de cancres un peu dissipés. Dans une mise en scène de Jean Boillot qui réussit, à partir d’un plateau dépouillé, à mettre en mouvement la versatilité des situations, ces saynètes burlesques ne sont pas seulement des contrepoints à la progression des souvenirs et des sentiments de ces deux êtres empêchés de jouer comme d’aimer. De même que les résistances des doigts, les lacunes du savoir révèlent les ressorts techniques et expressives d’une Fantaisie ondulant entre le mineur et le majeur, entre la résignation mélancolique et les élans passionnés, tels ceux qu’éprouvait Schubert pour la dédicataire de sa partition. Sur un piano électronique qui devient, par la puissance imaginaire du texte, tous les pianos successifs sur lesquels ils se sont essayés au fil du récit, Aline et Élios se réconcilient avec la musique – et leurs émotions – dans la Fantaisie en fa mineur (la première partie avant la reprise) jouée comme l’épilogue d’une alchimie entre les mots et notes interprétée avec une justesse sensible.
Gilles Charlassier
à 10h45, relâche les vendredis 11 et 18 juillet. billetterie@11avignon.com. Durée : 1h35 (trajet aller compris).
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