Gwenaël Morin met en scène « Les Perses » d’Eschyle, dans le cadre rêvé du Jardin de la rue de Mons
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Libre adaptation de L’Idiot centrée sur Nastassia Filippovna, Miwa Yanagizawa met en scène cette épopée chatoyante, librement adaptée du roman de Dostoïevski par Pedro Brício. En hommage aux femmes qui souffrent et se révoltent.
L’héroïne de la soirée, c’est celle de L’Idiot de Dostoïevski, dont s’emparent le dramaturge Pedro Brício et la metteuse en scène Miwa Yanagizawa, au sein d’une scénographie et dans des costumes signés par Ronaldo Fraga. La belle Nastassia Filippovna, humiliée, assujettie et violentée par son tuteur Totski, puis mise aux enchères lorsque celui-ci décide d’épouser une aristocrate, est au centre de cette proposition qui s’avance jusqu’à notre époque afin de dénoncer la brutalité de la domination masculine. Programmée dans le cadre du focus Brésil du Festival Off, la pièce, primée outre-Atlantique, est jouée en portugais et surtitrée en français. Ancrés dans un décor du XIXe siècle, où s’immiscent quelques éléments de modernité, la scénographie et les costumes reflètent une époque révolue, installent aussi une touche d’étrangeté : le fond de scène est en effet habillé d’une multitude de cadres vides. Ceux d’absentes, de femmes d’hier et d’aujourd’hui qui ont subi des violences, qui en meurent, qui se révoltent.
La dignité n’a pas de prix
La pièce déborde des cadres. Avant même d’entrer dans la petite salle de L’Adresse, nous passons devant deux hommes assis, immobiles comme des marionnettes. À l’intérieur, sur le plateau, une fête d’anniversaire se prépare. Les sentiments sont exacerbés, minés par le désespoir et la rage de Nastassia. Dans un monde dépravé et cupide où Totski la transforme en objet glorifié, Nastassia, interprétée avec virtuosité et conviction par Flávia Pyramo, va se faire entendre, troublant le temps et l’ordre établi. Elle est flanquée de deux hommes, Totski, excellemment incarné par Chico Pelúcio, et Gània, joué de manière très convaincante par Lenine Martins. Soit des hommes qui ne savent pas se contrôler… Idée astucieuse, le Prince Mychkine est assis parmi les spectateurs. Si au début de la pièce, il peut être ardu de contextualiser les situations reliées au roman, l’intrigue gagne ensuite en intensité, lorsqu’au-delà de son ancrage historique et littéraire dans la Russie tsariste Nastassia se fait figure emblématique des souffrances et du désir de révolte de toutes les femmes victimes de violences. Rappelons qu’au Brésil une femme est tuée toutes les 6 heures (Forum Brasileiro de Segurança Pública, 2023) et qu’en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les 3 jours (Ministère de l’Intérieur, 2023).
Agnès Santi
à 21h30, relâche le mardi. Durée : 1h30. Spectacle en portugais, surtitré en français.
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