Dream Mandé, Rokia Traoré

Soundiata Keïta : le nom résonne et raisonne dans toute l’Afrique de l’Ouest. Celui d’un homme qui régna une vingtaine d’années, au XIIIème siècle, sur  l’empire du Mandé, un vaste espace qui couvrait l’actuel Sénégal, une large partie du Mali, le sud de la Mauritanie, le nord de la Guinée… Depuis le récit de son épique épopée est contée par les griots, où se mêlent faits historiques et légendes symboliques qui célèbrent ce souverain soucieux d’équité et des libertés. Pour en mesurer l’écho jusqu’à notre époque, il suffit de regarder les crédits des disques des artistes originaires de cette partie du continent.

Dans le sillon des griots

Il n’est donc guère surprenant que la Malienne Rokia Traoré lui rende hommage, avec le soutien fondamental en pareil cas de la kora de Mamadyba Camara et du ngoni de Mamah Diabaté. Certes, celle qui est avant tout reconnue comme une des égéries de la world music n’est pas de caste griotte, mais chacun sait bien que depuis déjà quelques lustres la parole s’est émancipée de cette contrainte formelle. Mieux, ce récit qui mêle textes français et chants classiques mandingues peut aussi s’entendre comme un hommage à l’art pluriséculaire des griots, ces gardiens de la mémoire orale qui portent la parole de foyer en foyer, narrant tout autant des chapitres de l’histoire officielle que chantant des louanges au cours de cérémonies privées.

J.Denis