TRAVAIL
Philippe Jamet présente Travail, une œuvre [...]
Si le Festival d’Automne fait cette année le portrait de Bob Wilson avec la diffusion de quatre de ses pièces, il n’en oublie pas moins une femme de sa génération, qui elle aussi a bouleversé la création contemporaine : Trisha Brown, chorégraphe de la postmodernité, dont on traverse ici un demi-siècle de recherches.
Le Théâtre de la Ville consacre plus de dix jours à des pièces de Trisha Brown emblématiques de la deuxième moitié du XXème siècle. Celle qui fêtera ses soixante-dix-sept ans s’expose dans deux programmes de pièces courtes, allant du early work au solo mythique, de pièces de collaboration plasticien/chorégraphe à la pièce hommage en clin d’œil à Michel Guy et au Festival d’Automne. On se laissera par exemple facilement attendrir par le petit bijou que constitue Homemade, un solo créé en 1966, avant même la naissance de la Trisha Brown Dance Company. Une danseuse y entre en scène, portant sur le dos un petit projecteur de cinéma. On distingue l’image qui est projetée sur le mur de fond de scène, mais celle-ci bouge au fur et à mesure des évolutions de la danseuse. Sa présence se fait espiègle, et, devant la simplicité de la technique vidéo employée, on s’amuse de ce saut dans le temps qui fait du bien à la danse, préfigurant une réflexion danse-multimédia toujours à vif.
Un au revoir
On peut considérer Trisha Brown comme une habituée du Festival d’Automne, un pilier de la programmation danse. Et pour cause, elle a fait partie, avec Merce Cunningham, des « Américains » que Michel Guy a promus, faisant de la France une terre d’accueil pour la danse postmoderne et un véritable boulevard pour l’éclosion de la danse contemporaine. C’est bien lui, le fameux MG de sa pièce de 1991 For MG : the movie : un spectacle hommage, dont elle signe la chorégraphie, la scénographie et les costumes, et qui vibre d’une présence nostalgique sous les notes du pianiste Alvin Curran. La programmation du Théâtre de la Ville propose également un retour sur le travail de la chorégraphe avec Robert Rauschenberg, plasticien américain qui fit ses premières expositions à la Judson Church bien connue de la chorégraphe. Depuis leur première collaboration en 1989, ceux-ci n’ont cessé de consolider leur amitié, qui s’affiche ici à travers Foray Forêt et Astral Convertible. Dans If you couldn’t see me, il a créé les costumes, la musique, la scénographie et la lumière, et la pièce est devenue le solo le plus mythique de Trisha Brown. A ne pas manquer, d’autant que cette tournée prépare l’après Trisha Brown, qui fait ses adieux à la chorégraphie.
Nathalie Yokel
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